Jeunesse bruxelloise
Origines familiales (1907-1914)
Georges Prosper Remi est né au 25 de la rue Cranz (devenu aujourd'hui le 33, rue Philippe Baucq) à Etterbeek,
commune de l'agglomération bruxelloise, le 22 mai 1907 à 7 h 30.
L'enfant est baptisé quelques semaines plus tard, le 9 juin, à l'église paroissiale de la commune ; sa marraine est sa
propre grand-mère maternelle, Antoinette Roch.
Ses parents appartiennent à la classe moyenne bruxelloise :
Alexis Remi (1882-1970) est employé dans la maison de confection pour enfants Van Roye-Waucquez (à Saint-Gilles)
et Élisabeth Dufour (1882-1946), ancienne couturière, est sans profession.
Son père, wallon, était né d'une union illégitime entre une servante, Léonie Dewigne (1860-1901), et probablement Alexis Coismans,
ébéniste bruxellois de vingt-quatre ans.
Le fait qu'il se présenta à la maison communale d'Anderlecht pour déclarer la naissance des jumeaux et le choix du prénom
d'un des enfants semblerait lui donner la paternité d'Alexis et Léon Remi.
Certains pensent que la paternité reviendrait plutôt à Gaston, comte Errembault de Dudzeele (1847-1929),
chez les parents de qui Léonie travaillait comme domestique à Chaumont-Gistoux.
Délaissée par Coismans, la jeune fille épousa Philippe Remi, qui reconnut les enfants (septembre 1893).
Cette mystérieuse affaire a fait évoquer à Serge Tisseron le poids d'un secret de famille dans l'œuvre du futur Hergé.
Quant à Élisabeth, elle est flamande, ce qui fera dire plus tard à Georges Remi :
Je suis un Belge synthétique.
Après la naissance de Georges, la famille Remi ne va cesser de déménager.
Le 26 juin 1908, ils s'installent au 34 de la rue de Theux à Etterbeek, la demeure du plombier Joseph Dufour (1853-1914)
et Antoinette Roch (1854-1935), les parents d'Élisabeth.
De santé fragile, la jeune maman est victime d'une rechute de pleurésie durant le printemps 1909.
Une friction familiale fait partir le jeune couple qui s'installe le 12 janvier 1912 au 57 avenue Jules Malou dans la même commune.
Le 26 mars de la même année naît à Ixelles Paul Remi (1912-1986), le frère cadet de Georges avec qui les contacts sont très lâches.
Le lendemain, les Remi élisent domicile au 91, rue de Theux à Ixelles.
« Je me sentais médiocre et je vois ma jeunesse comme une chose grise, grise. »
— Interview d'Hergé.
Texte © Wikipédia
Hergé
Jeunesse
Occupation de la Belgique (1914-1918) Selon les propres mots d'Hergé, le petit Georges était un enfant insupportable, « particulièrement lorsque ses parents l'emmenaient en visite. » L'un des remèdes les plus efficaces était de lui fournir un crayon et du papier. L'un de ses premiers dessins connus figure au dos d'une carte postale où sont représentés au crayon bleu un train à vapeur, un garde-barrière et une automobile (vers 1911). Le 29 septembre 1913, le jeune garçon de 6 ans entre à l'école primaire de l'Athénée d'Ixelles. À peine l'année scolaire est-elle terminée que la Belgique est occupée par l'armée allemande de Guillaume II (20 août 1914). Son oncle Léon est mobilisé sur le front de l'Yser dès la fin août 1914 ; il en reviendra, après quatre ans de combats, avec la croix de guerre avec palmes. Le cardinal Mercier, archevêque de Malines, en appelle à la résistance belge. Entretemps, après une rechute d'Élisabeth, la famille Remi déménage une nouvelle fois 124 rue du Tram à Watermael-Boitsfort dans la banlieue sud de Bruxelles (septembre 1914). Durant sa scolarité à l'école no 3 d'Ixelles, Georges Remi dessine dans le bas de ses cahiers des histoires imagées qui racontent les démêlés d'un petit garçon avec l'occupant allemand. En raison de l'amélioration de la santé d'Élisabeth, la famille revient s'installer définitivement au 34 rue de Theux à Etterbeek (août 1917). En mars 1918, Georges Remi croque dans le cahier de poésie de son amie Marie-Louise van Cutsem « Milou » un dessin à l'encre de Chine et à l'aquarelle représentant un coq qui apostrophe un lapin face à un œuf brisé. Le 7 octobre 1919, l'écolier entre à l'École supérieure no 11 d'Ixelles. À l'occasion du premier anniversaire de l'Armistice en novembre 1919, il compose une vaste fresque patriotique faite de craies de couleur dans laquelle les soldats belges « flanquaient une solide raclée à l'armée allemande », ce qui bouleverse son professeur de dessin, monsieur Stoffijn, dit « Fine-Poussière ». Études secondaires et scoutisme (1918-1925) Georges Remi était issu d'une famille de la classe moyenne catholique et ancrée à droite. En 1919, le patron de son père, Monsieur Waucquez, avait fortement conseillé à Alexis Remi de mettre son fils en établissement catholique à la suite d'une année scolaire plutôt médiocre. Le jeune garçon est, à son grand désespoir, placé au sein de la troupe scoute du collège Saint-Boniface de Bruxelles. Dès lors, l'environnement ultracatholique et scout ne le quittera plus jusqu'aux années 1950. Après avoir fait sa communion, le jeune garçon entre à l'Institut Saint-Boniface de Bruxelles dirigé par l'abbé Pierre Fierens ; il est âgé de 13 ans (1920). Malgré une légende tenace répandue par Hergé lui-même, l'élève se montre excellent dans toutes les matières (sauf en dessin). Au dernier trimestre, le prix de dessin ne lui est pas décerné au grand dam de ses camarades et le professeur de dessin répond : ...Bien sûr, Remi mérite mieux ! Mais il fallait dessiner des épures, des prismes et autres objets avec ombre portée… Chez ce garçon, un autre dessin est inné ! Ne vous en faites pas, on en reparlera... En 1918, Georges Remi avait rejoint les « Boy-Scouts de Belgique » (organisme laïque), la 1re Troupe du Groupe Honneur. Il devient rapidement chef de la patrouille des « Écureuils » et reçoit le nom totémique de « Renard curieux ». Avant de les abandonner en 1921 pour la « Troupe Saint-Boniface » du collège. Le jeune garçon vit ce changement avec beaucoup de tristesse. Durant le début des années 1920, l'adolescent prend plaisir dans le scoutisme qu'il considère comme la grande affaire de sa jeunesse. À l'époque, Georges Remi poursuit ses croquis, notamment lors des camps d'été (en Autriche, en Suisse, en Italie, dans les Pyrénées), et en fait paraître à partir de 1921 dans les revues du collège Jamais Assez puis Le Boy-Scout. Enfin, à la suite de ses cours d'anglais et de sa passion pour le scoutisme, le jeune Remi est fasciné par l'Amérique des cow-boys et des Indiens comme le prouvent ses cahiers de l'époque qui fourmillent de visages qu'il commence à signer « Hergé » (Remi Georges) à partir de 1924. Au même moment, à l'occasion de la fête de l'aumônier Hansen, le créateur de la troupe scoute, il est choisi pour dessiner une vaste fresque sur un mur de l'Institut Saint-Boniface (vers 1922), redécouverte par hasard en 2007 : elle est composée d'une scène de chevaliers en armure, de cow-boys et d'Indiens. Lorsque le jeune Hergé retourne auprès de ses parents, c'est pour se rendre en famille au bord de la mer à Ostende avec la famille van Cutsem (étés 1923, 1924 et 1925). Texte © Wikipédia
Débuts Pro
Entrée au Vingtième Siècle et aventures de Totor (1925-1926) Durant les années 1920, les réalisations d'Hergé restent encore très modestes. Bien qu'il illustre des articles et des couvertures de mensuels de gags scouts, la technique reste maladroite : par exemple, en avril 1925, il croque pour le Blé qui lève quatre dessins sur les « plaisirs du vélo » où un cyclotouriste regonfle son pneu tellement fort qu'il le fait exploser… Au même moment, son chef de troupe René Weverbergh lui offre pour la Saint-Georges un ouvrage intitulé Anthologie d'Art pour perfectionner son coup de crayon. Ses études secondaires terminées, Hergé cherche désormais du travail. Lors d'une réunion scoute, l'abbé Wathiau lui propose un poste d'employé au Vingtième Siècle. Acceptant l'offre, il est engagé à partir du 31 octobre 1925 : Mon travail consistait surtout à inscrire le nom des nouveaux abonnés sur des formulaires spéciaux […] à envoyer par la poste, et à établir un fichier. Le journal est dirigé par l'autoritaire abbé Norbert Wallez (1882-1952) dont la ligne éditoriale est ultracatholique et nationaliste. C'est d'ailleurs René Weverbergh, l'administrateur du Boy-Scout belge, le journal du collège, qui présenta le jeune Georges à l'abbé Norbert Wallez, le directeur du Vingtième Siècle (1925). L'ecclésiastique se révéla alors à un jeune garçon qui n'avait aucune assurance et qui s'autocritiquait sans cesse. Plus tard, Hergé avoua que Wallez avait profondément influencé sa philosophie, sa personnalité et même sa vie conjugale puisque c'est lui qui présenta sa secrétaire Germaine Kieckens au dessinateur. Or, le directeur du Vingtième Siècle est un ultracatholique fasciste vouant un véritable culte à Mussolini dont il avait un portrait dans son bureau. Au début des années 1930, Église et anticommunisme se confondaient en Belgique et Tintin, que lui avait commandé l'abbé, devint tout naturellement un jeune reporter catholique sauveur du peuple russe contre la barbarie soviétique. Hergé continue de publier en parallèle pour la revue du Boy-Scout des planches de gags. Dans le numéro de juillet 1926, la double page centrale propose les Extraordinaires Aventures de Totor, C. P. des Hannetons, un « grand film comique » d'United Rovers. La suite des aventures de ce scout débrouillard, souvent reconnu comme l'ancêtre de Tintin, se déroule en août-septembre à Manhattan. Cependant, le dessinateur est appelé au service militaire le 16 août : il est affecté à la 4e Compagnie du 1er Régiment de Chasseurs à pied à Mons alors qu'il avait demandé la cavalerie ! Totor qui devait réapparaître dans le Boy-Scout à l'automne 1926, ne fera sa réapparition qu'en février 1927 à partir de la septième planche. Conscients du talent de leur fils, les parents de Georges Remi se décident finalement à l'inscrire à l'école Saint-Luc, en vain : J'y suis allé un soir à l'école Saint-Luc, mais comme on m'y avait fait dessiner un chapiteau de colonne de plâtre et que ça m'avait ennuyé à mourir, je n'y suis plus retourné. Cette surcharge de travail quotidien empêche le jeune Remi de poursuivre sa relation avec Marie-Louise van Cutsem, dite « Milou ». Selon Benoît Mouchart, ce sont les parents, nobles, de la jeune fille, qui se sont opposés à sa relation avec le jeune Georges Remi. Fin avril 1927, Georges Remi fait la connaissance de Germaine Kieckens, employée dans une fabrique d'écrins à Bruxelles. Il l'invite le week-end suivant à l'aérodrome de Bruxelles où il est chargé avec sa compagnie de surveiller l'avion de Charles Lindbergh en visite en Belgique après son exploit aérien. En parallèle, Hergé accepte la proposition de l'abbé Wallez d'illustrer trois récits de René Verhaegen, aide-comptable au journal, dans la rubrique « Le Coin des petits » : « Une petite araignée de voyage » (novembre 1926-janvier 1927), « Popokabaka » (1er mars-26 juillet 1927) et « La Rainette » (2 août-25 octobre 1927). Le Petit Vingtième (1926-1927) Après son service militaire, Hergé est chargé par l'abbé Wallez des tâches d'illustrateur et de reporter-photographe. Son « amie » Germaine est embauchée au Vingtième Siècle le 15 février 1928 comme secrétaire de l'abbé Wallez. Satisfait du travail d'Hergé, ce dernier lui confie la responsabilité du nouveau supplément hebdomadaire destiné à la jeunesse pour agrandir le nombre de lecteurs : Le Petit Vingtième. Poussé par Wallez, Hergé s'instruit en dévorant de nombreux ouvrages afin de donner plus de précisions à ses illustrations. Le premier numéro du Petit Vingtième paraît le 1er novembre 1928 mais se montre aux yeux du public assez décevant. L'artiste y propose dans un premier temps L'Extraordinaire aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet, une série qui raconte l'histoire de trois jeunes adolescents et d'un porc connaissant diverses aventures, sur un scénario de l'abbé Desmedt, un rédacteur sportif du journal. L'histoire se déroule sur un fond colonialiste et proclérical, toujours en vogue à l'époque, en particulier lorsque les enfants, prisonniers dans un village de « cannibales », sont sauvés par la bienveillance d'un missionnaire catholique. Hergé est peu motivé mais la série se poursuit jusqu'en mars 1929. Cette année-là, Bruxelles accueille une exposition sur la Russie bolchevique. Les employés du Vingtième Siècle, ultra-catholiques et anticommunistes, sont indignés par cette exposition située à quelques pas de leur bureau. L'un d'eux, le comte Perovsky, est un ancien Russe blanc réfugié en Belgique après la guerre civile de 1918-1921. Une centaine d'étudiants nationalistes dirigés par Léon Degrelle met à sac l'exposition à la grande joie de l'abbé Wallez. Enfin, pour donner plus de clarté à ses dessins, l'artiste abandonne le dessin artisanal du XIXe siècle et adopte la nouvelle technique de la photogravure, technique simple mais efficace (traitement des plaques à l'acide). Pressentant le talent et la personnalité du jeune dessinateur, l'abbé Wallez est le premier à lui donner le coup de pouce décisif : L'abbé Wallez a eu sur moi une énorme influence, pas du point de vue religieux, mais il m'a fait prendre conscience de moi-même, il m'a fait voir en moi. Collaborations au Boy-Scout belge et à l'Action Catholique (1927-1929) En parallèle de son activité au Vingtième Siècle, Hergé a préservé des rapports étroits avec ses camarades scouts et les abbés qu'il a côtoyés à Saint-Boniface. Au cours de l'année 1927, le Boy-Scout devient le Boy-Scout belge, au sein duquel il continue à faire paraître, jusqu'en juillet 1929 et à raison d'une planche par mois, les aventures de Totor. En 1928, une publicité vante les articles de culture générale, de formation technique scoute, des événements du mois, de sciences naturelles, de nouvelles des troupes... Hergé y dessine presque tout : la couverture de présentation qu'il modernise, les cartes postales, les illustrations d'articles. D'autre part, le dessinateur collabore aussi à diverses publications des mouvements d'Action catholique. Le rôle de ce mouvement, mis au point par Léon XIII et poursuivi par le cardinal Mercier, est de relancer l'enthousiasme religieux qui commence à péricliter au sein de la société belge et plus largement européenne. Pour Hergé, il s'agit de réaliser les têtes de rubriques, d'illustrations de contes, de petits gags et aussi l'emblème de la Jeunesse indépendante catholique (JIC) : l'aigle noir tenant le bouclier armorié JIC. Le 16 décembre 1928, pour accroître davantage l'audience du quotidien, l'abbé Wallez lance un supplément « culturel » intitulé Le Vingtième Siècle Artistique et Littéraire. Georges Remi est comme d'habitude chargé du dessin, il illustre des centaines de romans : Ilias de Léon Tolstoï, La Belle Histoire de Geneviève d'Henri Lavedan… Durant cette période, l'artiste approfondit et précise son coup de crayon. Texte © Wikipédia
Tintin
Goût pour la bande dessinée (janvier-septembre 1929) À la fin des années 1920, Hergé découvre par l'intermédiaire de Léon Degrelle, correspondant du Vingtième Siècle au Mexique, la bande dessinée américaine « faisant sortir directement les paroles de la bouche des personnages ». Depuis la fin du xixe siècle le comic strip est très populaire aux États-Unis et s'adresse avant tout aux enfants. Le tournant des années 1930 exporte le genre en Europe occidentale. Les séries américaines les plus célèbres sont Krazy Kat de George Herriman qui paraît dans The New York Evening Journal depuis 1913 ou encore les Katzenjammer Kids de Rudolph Dirks dans le New York Journal depuis 1897. En France, le genre est déjà utilisé depuis peu par le dessinateur des aventures de Zig et Puce (1925), Alain Saint-Ogan. Jusqu'ici, les dessins de l'artiste belge n'étaient que de simples textes mis en images : désormais il va créer une véritable bande dessinée43. Parallèlement, Hergé publie toujours dans d'autres revues : il dessine ainsi sept planches pour l'hebdomadaire satirique Le Sifflet avec en particulier, dans le numéro du 30 décembre 1928, une histoire intitulée La Noël du petit enfant sage au contenu scatologique ; pour la première fois, Hergé y présente ses dialogues exclusivement au sein de bulles. À la fin de l'année 1928, songeant à abandonner l'histoire considérée comme « ennuyeuse » de « Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet », Hergé reprend le personnage de Totor, modifie son nom, lui adjoint un petit fox-terrier (« Milou », peut-être en référence à son ex-amie Marie-Louise van Cutsem ?) et lui donne un nouveau métier : celui de reporter. Mis au courant du projet, l'abbé Wallez, admirateur de Mussolini et virulent anticommuniste, propose d'envoyer ce nouveau personnage, auquel les enfants sont invités à s'identifier, en URSS pour y dénoncer les crimes qui y sont perpétrés : dès ses origines, Tintin aura une fonction politique. Lancement des Aventures de Tintin (septembre-décembre 1929) Georges Remi a toujours su s'adapter au contexte dans lequel il se trouvait. Au milieu des années 1920, il dessinait Totor, chef de patrouille comme lui. En 1929, devenu reporter au Petit Vingtième, son nouveau héros devient naturellement reporter pour le même journal. Selon l'auteur lui-même, le visage de Tintin lui aurait été inspiré par son frère cadet Paul : le visage rond et la houpette, alors que d'autres voient une certaine ressemblance avec le jeune navigateur et acteur danois Palle Huld, adepte des culottes de golf, qui fit le tour du monde en 1928. Le 10 janvier 1929, Tintin fait donc son apparition dans Le Petit Vingtième. Hergé exécute et livre deux planches par semaine qui « enchaînent gags et catastrophes sans bien savoir où son récit l'entraîne ». Devant le choix de sa direction, profondément anticommuniste, d'envoyer Tintin en Russie soviétique (URSS), et ne pouvant se rendre sur les lieux de pérégrination de son personnage, Hergé s'inspire pour son histoire d'une source unique : le livre Moscou sans voiles, paru sous la plume de Joseph Douillet en 1928. Les caractères cyrilliques sont dessinés par son collègue le comte Perovsky. Durant l'été 1929, le rappel d'Hergé sous les drapeaux lui inspire la présence d'une manœuvre militaire dans la série qu'on peut voir aux planches 56-57. Le 25 décembre 1929 sort la première couverture de Tintin au Petit Vingtième en bichromie avec deux planches couleurs (100 et 101). L'hebdomadaire catholique français Cœurs vaillants reprendra dès octobre l'histoire, mais l'adaptera en y ajoutant des textes explicatifs, au grand dam d'Hergé. Au terme des 138 planches (1er mai 1930), les traits de Tintin se sont affirmés, passant des premiers dessins « du gros scout lourdaud et ridicule […] au personnage que nous connaissons désormais. » L'aventure est assemblée dans un album publié à seulement 5 000 exemplaires. Avant même la fin de la publication des planches, une fausse lettre de la Guépéou arrive au bureau de Petit Vingtième, lui demandant de mettre un terme à l'activité du reporter virtuel : selon Benoît Peeters, « il s'agit déjà d'accréditer l'existence de Tintin. » Premiers succès (1929-1930) Le 23 janvier 1930, le dessinateur crée deux nouveaux personnages de la moyenne bourgeoisie bruxelloise : Quick et Flupke. Cette nouvelle bande dessinée paraît dans les pages du Petit Vingtième de façon continue, tous les jeudis, jusqu'en 1935, puis de façon plus irrégulière jusqu'en 1940 (seulement 19 gags entre 1937-1940). D'après l'auteur lui-même : Quick était le surnom d'un de mes amis. Pour Flupke, j'ai pris Flup (Philippe) et le ke flamand signifie « petit ». Flupke c'est « petit Philippe ». Selon Benoît Peeters, les Exploits de Quick et Flupke semblent rassembler « tous les éléments que ses autres albums n'étaient pas en mesure d'intégrer. » Ici aucun exotisme, mais de simples planches de gags causés par les enfants eux-mêmes, le souvenir d'une « enfance endiablée » pour Hergé. Mais l'artiste est surtout occupé ailleurs : en mai 1930, commençant à se rendre compte du succès de Tintin, il imagine déjà une suite. L'abbé Wallez a l'idée de mettre en scène le retour de Tintin de son voyage soviétique. Le 8 mai 1930, le Petit Vingtième organise le retour des héros : Le jour venu, je suis parti avec un garçon [Lucien Pepperman] qu'on avait désigné pour incarner Tintin […]. Je l'avais affublé d'un costume à la russe et de belles bottes rouges ; pour faire plus réaliste nous avions emprunté tous deux le train en provenance de Cologne, c'est-à-dire le train de l'Est, de la Russie […]. J'étais persuadé que nous débarquerions dans un grand désert. Or, à ma grande stupéfaction il y avait foule. À la fin de l'année 1930, c'est au tour de Quick et Flupke d'être rattrapés par le succès. La Radio Catholique Belge organise quelques émissions improvisant une interview fictive des deux gamins de Bruxelles. Finalement, les demandes s'accroissent. Le Petit Vingtième double, puis triple, et enfin sextuple son tirage le jour où paraît le fameux Tintin. La même année, Hergé se voit pourvoir un assistant en la personne de Paul Jamin qui sera plus tard connu en tant que caricaturiste du journal satirique bruxellois Pan sous le pseudonyme d'Alidor. Dans l'élan d'une tradition coloniale qui marque la Belgique depuis le début du siècle, Hergé décide, sous les ordres de l'abbé Wallez, d'envoyer son personnage en Afrique, dans la colonie belge du Congo, dans l'album intitulé Tintin au Congo. Propriété du roi des Belges Léopold II depuis la conférence de Berlin sur le partage de l'Afrique (1885) qui lui avait accordé de développer la colonisation et de lutter contre l'esclavage en Afrique centrale, le Congo est annexé par un vote du parlement belge en 1908. La Belgique va alors commencer à récupérer l'emprunt consenti au roi ainsi que les frais d'envoi d'officiers, et aussi, après la guerre, de récolter les fruits des combats victorieux, en 1914-1918, contre les troupes ennemies de l'Afrique orientale allemande. Mais, au début des années 1930, le Congo belge est confronté à une pénurie de main-d'œuvre européenne qui menace son développement. Et Tintin s'y rend, non plus pour critiquer, mais pour faire valoir le domaine africain afin d'y attirer de jeunes Belges entreprenants. Le récit est aussi l'occasion d'exalter l'œuvre d'évangélisation et d'enseignement auprès des Noirs des missionnaires de Scheut. L'histoire débute dans les colonnes du Petit Vingtième le 5 juin 1930. Pour établir son histoire, Hergé s'est surtout documenté par le biais du musée royal de l'Afrique centrale où se trouve la célèbre statue de l'Aniota à peau de léopard représentant un membre d'une secte secrète indigène, ce qui donne lieu, dans l'album, à un épisode dramatique dont Tintin sort évidemment indemne. 118 planches se succèdent jusqu'au 11 juin 1931. Malgré le peu d'enthousiasme du dessinateur, la seconde aventure du reporter du Petit Vingtième est encore un succès : Tintin et Milou reviennent triomphalement à la gare du Nord de Bruxelles, devant une foule en liesse. On peut lire dans la presse : « Tintin et Milou accueillis par Quick et Flupke. Dix Congolais les accompagnent ». Le jeune garçon qui représente le héros est costumé en colonial. Illustration de romans et de publicités (1930-1931) Au début des années 1930, Hergé participe peu au supplément Votre Vingtième, Madame, y réalisant des couvertures d'esprit « Art déco » assez étonnantes. C'est l'image de la femme libérée de l'entre-deux-guerres qui transparaît ici, influencée par les années folles venues tout droit des États-Unis. Le dessinateur dresse des portraits de femmes faisant du sport, pilotant une automobile ou encore un bateau. À partir de la fin des années 1920, Georges Remi officie comme illustrateur pour plusieurs romans, bien souvent dans le sillage du scoutisme catholique. Le premier d'entre eux est L'Âme de la mer (1927) de Pierre Dark, un ancien compagnon de scoutisme. L'année suivante, il illustre Mile, histoire d'un membre de patronage de Maurice Schmitz, un ouvrage à succès. Enfin, il s'associe à l'édition de l'Histoire de la guerre scolaire (1932) de Léon Degrelle. En parallèle de ces activités, Hergé réalise des centaines de publicités : le lettrage et la composition sont toujours au rendez-vous. Parmi elles figurent une affiche de 1928, la « Grande Fancy-Fair : organisée au profit des écoles libres de la paroisse Saint-Boniface », mais aussi des illustrations pour des marques d'amplificateurs (Modulophone, 1930), de tapisseries (J. Lannoy fils, 1928), de magasins de jouets (L'Innovation, 1931)… Ce travail en parallèle d'illustrateur renforce davantage sa technique et sa précision dans la composition de ses bandes dessinées. Texte © Wikipédia
Tchang
Année de l'Amérique (1931-1932) En mai 1931, Hergé et le dessinateur Paul Jamin (qui deviendra, après la guerre, le brillant dessinateur caricaturiste de l'hebdomadaire Pan) se rendent à Paris où ils rendent visite à Alain Saint-Ogan pour se perfectionner et demander des conseils. Le Français témoigne : J'avais oublié cette visite. Mon Dieu ! Qu'avais-je pu dire alors à celui qui devait devenir le créateur de Tintin, célèbre dans le monde entier ? Grâce au Ciel, paraît-il, je ne l'avais pas découragé. Saint-Ogan offre à Hergé une planche originale dédicacée de Zig et Puce. Après avoir convaincu l'abbé Wallez qu'il fallait dénoncer la pègre de Chicago, l'artiste se décide enfin à envoyer son héros au pays des cow-boys et des indiens, milieu qu'il affectionne tout particulièrement. Déjà, sur les dernières planches de Tintin au Congo, il avait fait figurer des gangsters américains qui devaient annoncer le prochain scénario, un peu comme si l'auteur avait hâte de passer à l'aventure suivante. Les premières planches des « Aventures de Tintin, reporter à Chicago » apparaissent le 3 septembre 1931 toujours dans le Petit-Vingtième. Pour la première fois, Georges Remi intègre dans le récit un personnage réel : Al Capone (1899-1947). Il se documente sur les États-Unis à travers une revue, Le Crapouillot mais aussi des ouvrages, Scènes de la vie future de Georges Duhamel ou encore L'Histoire des Peaux-Rouges de Paul Coze. Contrairement aux deux histoires précédentes, le scénario propose non plus une succession d'épisodes mais un grand mouvement général structurant. Le 17 septembre 1931, quelques jours à peine après l'apparition de Tintin en Amérique, le dessinateur propose une série publicitaire intitulée Tim l'écureuil, héros du Far West publiée dans un petit journal de quatre pages et distribué dans le magasin bruxellois L'Innovation. Quelques années plus tard, l'aventure sera remaniée dans le Petit Vingtième sous le nom de Popol et Virginie au Far West (février 1934). Ce sont les seules histoires d'Hergé mettant en scène des animaux anthropomorphes : J'ai essayé de mettre en scène des animaux, et j'ai vu rapidement que ça ne me menait nulle part. J'en suis donc revenu à des personnages humains. Au tournant de l'année 1931-1932, le dessinateur signe un contrat avec l'éditeur tournaisien Casterman qui aura, après avoir « indemnisé » Wallez, le privilège d'éditer tous les albums de l'auteur en langue française. Le 20 juillet 1932, Hergé épouse Germaine Kieckens (1906-1995) avec la bénédiction de l'abbé Wallez qui célèbre le mariage dans une église bruxelloise. Les jeunes mariés s'installent le mois suivant au 18 (ou 10 ?) rue Knapen à Schaerbeek. L'aventure en Amérique s'achève le 20 octobre 1932, Casterman sort le premier album à la fin de la même année. L'éditeur tournaisien propose à Hergé de percer dans le marché français très prometteur courant décembre 1933. Plein cap sur l'Orient (1932-1933) Les illustrations égyptiennes inspirèrent Hergé dans son travail. Le 8 décembre 1932, apparaissent dans le Petit Vingtième les premières planches des « Aventures de Tintin reporter en Orient » (version ancienne des Cigares du pharaon). Pour la première fois Hergé fait de cette aventure une sorte de roman policier dans lequel on trouve le paramètre « mystère ». Selon B. Peeters, « Les Cigares du pharaon représentent la quintessence du récit feuilletonesque. On y retrouve […] la mystérieuse malédiction, la redoutable société secrète, l'indémasquable génie du Mal […], le poison qui rend fou. » Durant les épisodes du feuilleton, l'artiste joue avec ses lecteurs chaque semaine en proposant la rubrique « Le Mystère Tintin » au sein de laquelle le public doit proposer des solutions pour sortir le héros d'affaire. La malédiction égyptienne est, au début des années 1930, dans l'air du temps. En effet, l'opinion publique avait été frappée, quelques années plus tôt, par la mystérieuse affaire du tombeau de Toutânkhamon et les morts successives des savants qui avaient ouvert la tombe de ce pharaon. Mais surtout, ce qui fait le nœud gordien de l'histoire n'est pas l'égyptologie mais le trafic (armes et drogue), particulièrement actif à l'époque dans la région de la mer Rouge. D'ailleurs Hergé s'inspire du récit autobiographique de Henry de Monfreid, Les Secrets de la mer Rouge (1931), qu'il représente dans l'aventure. Dès les premières planches du feuilleton, deux nouveaux personnages apparaissent, des policiers en civil nommés X 33 et X 33 bis (futurs Dupond et Dupont). Au terme des 124 planches, Les Cigares du pharaon sont achevés le 8 février 1934. Au début des années 1930, Hergé réalise un certain nombre de bandes dessinées à caractère publicitaire. L'une des plus célèbres est cet aimable M. Mops, composée de huit planches parues dans un agenda édité par un grand magasin bruxellois (1932) ou encore Les Mésaventures de Jef Debakker (quatre planches) pour les Briquettes Union (vers 1934). Tchang Tchong-Jen : bouleversement dans l'œuvre d'Hergé (1933-1934) Les quatre premières aventures de Tintin restaient maladroites, parfois un peu bâclées et truffées de préjugés. Hergé témoigna sur son rythme de travail : C'était réellement du travail à la petite semaine. Je ne considérais pas cela comme un véritable travail, mais comme un jeu, comme une farce. Tintin était un jeu pour moi jusqu'au Lotus bleu. Durant le printemps 1934, après avoir installé avec deux collaborateurs (José De Launoit et Adrien Jacquemotte) « l'Atelier Hergé » à Bruxelles, Georges Remi annonce à la rédaction du Petit Vingtième qu'il souhaite faire la suite des Cigares du pharaon en envoyant le jeune reporter en Extrême-Orient, plus exactement en Chine. Jamin s'empresse de brosser un tableau du pays dans lequel Tintin doit prochainement partir dans le Petit Vingtième. À la lecture de cet avant-goût, certains lecteurs craignent que le reporter soit tué par les Chinois ! Après avoir lu les stéréotypes effrayants annoncés par le collaborateur d'Hergé, l'abbé Gosset, aumônier des étudiants chinois à l'université de Louvain, lui recommande au travers d'une lettre de se documenter sérieusement sur la Chine. C'est ainsi qu'Hergé fait la connaissance d'un jeune Chinois étudiant à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles : Tchang Tchong-Jen (1907-1998). Ce dernier fournit une mine d'informations à Hergé dans de nombreux domaines (histoire, géographie, langue, art, littérature et philosophie). Avant cette rencontre, l'artiste belge imaginait encore le mythe du « Jaune » qui mangeait des nids d'hirondelle, portait une natte et jetait les petits enfants dans les rivières comme l'avait écrit Jamin quelques jours plus tôt : C'est à partir de ce moment-là que je me suis mis à rechercher de la documentation, à m'intéresser vraiment aux gens et aux pays vers lesquels j'envoyais Tintin, par souci d'honnêteté vis-à-vis des lecteurs qui me lisaient. Tchang deviendra un personnage-clé de l'œuvre d'Hergé, sauvé de la noyade par Tintin, l'un des vrais amis qu'il se fera au cours de ses aventures. Pourtant, Le Lotus bleu est plus un message politique qu'une histoire pour les enfants. La cinquième aventure de Tintin est l'une des plus engagées de la carrière d'Hergé. Depuis 1931, le Japon cherche à coloniser la Chine pour développer sa puissance économique. L'invasion de la Mandchourie (province chinoise septentrionale) démarre à la suite de la section d'une voie ferrée japonaise dans cette région (près de Moukden). Cet attentat fut probablement planifié par les Japonais eux-mêmes, leur donnant le prétexte d'une invasion immédiate de la province. Hergé fait figurer dans l'aventure le « faux attentat » sur la voie ferrée. Hergé se tient au courant des événements sino-japonais en 1934-1935 grâce aux informations pourtant pro-japonaises des médias européens : l'une des planches de l'aventure représente Tintin allant au cinéma pour visionner les actualités mondiales. L'aventure se termine le 17 octobre 1935 au bout de 124 planches. Le Lotus bleu devient dans les années 1936-1939 un véritable succès en Chine mais pas pour Tokyo puisque l'ambassadeur japonais à Bruxelles est irrité de la position de l'histoire vis-à-vis de son pays. Durant ces années, le père de Tintin poursuit la réalisation de couvertures de livres ou de publicités. Ainsi, il offre ses services à Paul Werrie, auteur de la Légende d'Albert Ier roi des Belges qui vient de décéder d'une chute lors d'une escalade des rochers de Marche-les-Dames, en bord de Meuse (17 février 1934). Tintin, Milou et les autres (1934-1935) Après Le Lotus bleu, Hergé revient à l'aventure de naguère avec L'Oreille cassée qui démarre le 5 décembre 1935 dans le Petit Vingtième. Ce choix est en grande partie dû aux pressions subies par l'auteur à l'issue du Lotus bleu. Au milieu des années 1930, l'Amérique latine est dans l'air du temps comme en témoignent l'expédition d'Henri Lavachery au Pérou et à l'île de Pâques, les récits d'Antonin Artaud au Mexique et la disparition du colonel Percy Fawcett dans la jungle brésilienne dix ans auparavant. Avec cette sixième histoire, le dessinateur rompt pour un temps avec le réalisme géographique et historique, puisqu'il ouvre le décor dans des pays imaginaires et surtout il s'attache à poser le récit autour du fétiche arumbaya. Désormais le mystère réapparaît au plus grand bonheur des lecteurs : qui a tué Monsieur Balthazar ? L'action se déroule en Europe puis au San Theodoros et au Nuevo Rico deux territoires inventés par Hergé mais qui reprennent l'ensemble des caractéristiques de l'Amérique latine des années 1930 : les coups d'État à répétition, la forte présence militaire, le libérateur latino-américain à la Simón Bolívar… Comme pour Le Lotus bleu, il dresse le tableau d'une guerre contemporaine, celle du Gran Chaco (renommée « Gran Chapo »), opposant la Bolivie et le Paraguay (1932-1935) à propos de concessions pétrolières. Sa principale source d'inspiration est encore une fois, la revue Le Crapouillot. Avec L'Oreille cassée on passe définitivement « du feuilleton au récit bouclé ». Jusqu'en 1935, Les Exploits de Quick et Flupke continuent de paraître en parallèle des aventures de Tintin dans le Petit Vingtième. Après cette date, les apparitions se font de plus en plus rares jusqu'à disparaître définitivement : J'ai abandonné ces garnements-là parce qu'ils me donnaient beaucoup de soucis alors que Tintin me mobilisait de plus en plus. Pourtant à travers les deux gamins de Bruxelles, Hergé avait bouleversé la bande dessinée. Les codes traditionnels se sont trouvés modifiés : il apparaît lui-même sur plusieurs planches dans lesquelles il est pris à partie par Quick et Flupke, les personnages se cognent sur le bord des cases en faisant du ski, leur parodie d'Hitler de Mussolini où enfin ils gomment les éléments du dessin qui leur déplaisent, « le tout dans un esprit d'absolue liberté ». Peeters. En décembre 1935, Gaston Courtois, de la direction de Cœurs vaillants adresse une lettre à Hergé en lui commandant des personnages plus réalistes que Tintin « dont le papa travaille, qui a une maman, une petite sœur, un petit animal de compagnie. » Déjà très occupé par l'univers grandissant de Tintin, Hergé ne se sent pas très à l'aise dans un nouvel univers qu'il faut construire de toutes pièces. Cinq épisodes de Jo, Zette et Jocko sont réalisés en bichromie à partir de janvier 1936 avant d'être abandonnés à leur tour. Tintin est une vedette internationale puisqu'après avoir conquis la Belgique, la France et la Suisse c'est au tour du Portugal où O Papagaio publie dans ses colonnes, en avril 1936, les planches colorisées de Tintin en Amérique : c'est la première traduction étrangère de l'œuvre. Texte © Wikipédia
La Guerre
Avant-goût du conflit à venir (1936-1939) Affiche du film King-Kong (sorti en 1933), inspiration d'Hergé pour la « Bête » de L'Île Noire. Le 30 janvier 1936, Georges Remi et son épouse Germaine déménagent pour élire domicile 12 place de Mai à Woluwe-Saint-Lambert. Désormais, Hergé prend conscience de ses droits d'auteur et s'adjoint les services d'un avocat, maître Dujardin. Les bénéfices des 6 000 exemplaires tirés du Lotus bleu en août 1936 reviendront à lui seul et non plus à l'abbé Wallez qui perd ses droits. L'artiste rêve d'une boutique Tintin et Milou à Bruxelles où l'on vendrait des produits dérivés du célèbre reporter. En mars 1937, Hergé dessine les toutes premières planches de Tintin en Angleterre (l'Ile Noire). Pour s'assurer du réalisme de ses croquis, il participe le mois suivant à un voyage scout sur place dans le Sussex. Le scénario est placé sous le signe de l'enquête policière sur fond de traditions écossaises. La septième aventure qui apparaît dans les colonnes du Petit Vingtième le 15 avril 1937, est la première à mettre en scène la technique : apparition de la télévision, les machines d'impression des faux-monnayeurs, la place centrale des trains ou encore la Jaguar Mark IV du docteur Müller. L'élément principal de l'histoire est bien entendu la « Bête » qui effraie tout le monde (un gorille). Encore une fois, il faut y chercher des éléments contemporains d'Hergé : d'abord le succès au cinéma du film King Kong (1933), une affaire de faux-monnayeurs organisée par un personnage germanophone nommé « Müller » et surtout les témoignages sur l'apparition du monstre du Loch Ness dans un lac d'Écosse (1934). Hergé mélange tous ces éléments pour établir son intrigue. Le 23 décembre 1937, dix jours après le massacre de Nankin, paraît dans le Petit Vingtième un appel à aider les Chinois : Ne feriez-vous rien pour eux... ? Des milliers de nos jeunes amis chinois sont les innocentes victimes de la guerre... Cet appel est accompagné d'un dessin d'Hergé, où Tintin désigne au lecteur une famille chinoise dans les ruines d'une maison. Le 4 août 1938 débutent les premières péripéties de Tintin en Syldavie, pays imaginaire, sous le titre de le Sceptre d'Ottokar. Comme le note B. Peeters, « les signes annonciateurs du second conflit mondial sont […] innombrables. Et ce sont eux que l'auteur va prendre comme point de départ de sa fiction ». Hergé crée pour la seconde fois deux États imaginaires antagonistes, le royaume de Syldavie et la Bordurie, qui empruntent beaucoup de traits à la Yougoslavie : les personnages coiffés de toques, la charrette de foin, les Alpes dinariques, le pélican (très présent au Monténégro), les minarets… En cette année 1938, le contexte international est sensible et Hergé le suit de près. Le 12 mars, les troupes allemandes d'Hitler annexent l'Autriche : c'est l'Anschluss. L'artiste reprend dans l'aventure cet événement qu'il transforme en un « Anschluss raté » : la dictature de Bordurie tente de s'emparer, via les moyens que possèdent ces régimes totalitaires, de la Syldavie par l'intermédiaire de Müsstler qui est une synthèse de Mussolini et d'Hitler. En faisant de la Syldavie un royaume sympathique et inoffensif, on croit reconnaître comme François Rivière « cette Belgique déguisée en pays slave ». Cette histoire semble, enfin, emprunter de nouveau à l'histoire familiale d'Hergé : les jumeaux Nestor et Alfred Halambique font sûrement référence à son père et à son oncle (eux-mêmes jumeaux), alors que Bianca Castafiore, inspirée notamment de Renata Tebaldi, pourrait bien être aussi le négatif de la comtesse qui avait recueilli son père et son oncle lorsqu'ils étaient encore des nouveau-nés. X33 et X33 bis apparus en 1934, sont pour la première fois, dans Le Sceptre d'Ottokar, nommés Dupont et Dupond. Un mois après que les dernières planches soient parues dans le Petit Vingtième, le 10 septembre 1939, Hitler vient de soumettre la Pologne depuis quelques jours : le second conflit mondial vient de commencer. Dans la tourmente de la guerre (1939-1940) Après la démission forcée de l'abbé Wallez au milieu des années 1930 faisant suite à une altercation avec un représentant de l'État, William Ugeux devient le nouveau rédacteur en chef du Vingtième Siècle. À la fin du printemps 1939, Georges et Germaine sont invités au Vélodrome d'Hiver à Paris par Cœurs vaillants pour écouter l'interprétation de la chanson Tintin et Milou. Le 28 juin, les époux Remi s'installent au 17 avenue Delleur à Watermael-Boitsfort. À la mi-septembre 1939, l'artiste est mobilisé à Herenthout (province d'Anvers) où il est chargé de réquisitionner les bicyclettes des environs. Or durant l'automne il continue à envoyer depuis sa caserne, certes irrégulièrement, les planches de la nouvelle aventure de Tintin au Petit Vingtième : Tintin au pays de l'or noir96. Son ancien ami scout Raymond de Becker lance le 7 décembre 1939 la revue L'Ouest officiellement neutre mais soutenue, selon M. Benoît-Jeannin, par l'ambassade d'Allemagne à Bruxelles. Pour de Becker, la Belgique doit cesser de s'aligner sur la politique française vis-à-vis de l'Allemagne et de l'Europe. Entre le 7 et 28 décembre 1939, Hergé dessine pour la nouvelle revue quatre strips de Monsieur Bellum qui s'insurge contre le « bourrage de crâne », dit-il, de la radio belge98. Lieutenant de réserve, Georges Remi est ensuite envoyé à Eekeren comme instructeur dans une compagnie d'infanterie d'expression flamande. Durant cette période (hiver 1939-printemps 1940), il continue d'envoyer, pratiquement chaque semaine, deux planches de Tintin au pays de l'or noir. Le 12 avril 1940, il tombe malade et, déclaré inapte par le médecin de l'hôpital militaire d'Anvers, il est mis en congé sans solde. Hergé termine les deux derniers gags de Quick et Flupke puis il dépose les dernières planches (55 et 56) de l'or noir qui apparaissent pour la dernière fois dans le numéro du 9 mai99. Cependant, cette correspondance s'interrompt définitivement quand le Vingtième Siècle cesse de paraître le 8 mai 1940. La parution suivante n'aura pas lieu à cause de l'attaque allemande du 10 mai contre la Belgique. En effet, durant les mois de mai et juin 1940, l'armée allemande écrase dans une guerre-éclair les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique et la France. L'officier Paul Remi, frère d'Hergé, est alors déporté en Allemagne comme prisonnier de guerre. Après les premiers bombardements, les Remi et leur chat siamois quittent Bruxelles et font une halte à Paris chez une amie (arrivés le 20 mai 1940). Deux jours plus tard, ils partent pour le Puy-de-Dôme à Saint-Germain-Lembron où ils trouvent refuge durant un mois dans la demeure du dessinateur Marijac. Le couple belge est de retour à Bruxelles le 30 juin 1940 au moment où le roi Léopold III appelle ses sujets à reprendre le travail. Avec l'arrêt du Petit Vingtième, la situation de Georges Remi se précarise. Depuis la mi-juin, le plus gros tirage belge, Le Soir, réapparaît mais sous contrôle allemand, d'où le surnom Le Soir volé que lui donnent les Résistants. Quelques semaines plus tard, Raymond de Becker un ancien camarade scout d'Hergé et admirateur de Mussolini, est nommé chef des services rédactionnels du quotidien. Après avoir refusé la proposition du Pays réel, l'organe de presse du parti rexiste pro allemand Rex, Hergé accepte celle du Soir. Sa période d'essai débute le 15 octobre 1940 durant laquelle il se voit confier la responsabilité d'un supplément hebdomadaire consacré à la jeunesse : Le Soir-Jeunesse. Le dessinateur y retrouve également Paul Jamin (1911-1995) qui dessine aussi pour Le Pays Réel et le Brüsseler Zeitung. Enfin, Hergé rencontre Jacques Van Melkebeke qui devient son principal collaborateur. Jamin, Van Malkebeke et Hergé signent dans Le Soir-Jeunesse des éditoriaux sous le pseudonyme « Monsieur Triplesec ». Le journal ayant été repris en octobre 1940 par un groupe de collaborateurs belges, les histoires proposées ne doivent faire référence à aucun sujet brûlant : Hergé reprend un fait divers de trafic de cocaïne sur le yacht d'un certain Miguel Castanesa par le biais de boîtes de crabe. Le 17 octobre commence à paraître, dans le premier numéro du Soir-Jeunesse intitulé « Tintin et Milou sont revenus ! », Le Crabe aux pinces d'or. Mais la pénurie de papier ne tarde pas à réduire les dimensions du supplément qui ne connaitra pas le même succès que le Petit Vingtième. Habitudes de travail bouleversées (1940-1942) En cet automne 1940, les affaires semblent repartir pour Hergé. Il accepte l'illustration des Fables de Robert du Bois de Vroylande où figure une histoire intitulée « Les deux Juifs et leur pari ». Puis le plus gros quotidien flamand Laatste Nieuws lui propose la publication dans ses colonnes de Tintin in Kongo en néerlandais. L'évolution de la neuvième aventure, Le Crabe aux pinces d'or, subit les aléas du conflit. De mois en mois, le supplément Le Soir-Jeunesse s'amenuise : alors qu'en octobre 1940 il occupait huit pages (dont deux pour Les Aventures de Tintin), il ne dispose plus que de quatre pages en mai 1941, jusqu'à disparaître le 23 septembre. Dès lors, c'est en minuscules strips quotidiens que l'aventure continue d'être publiée. Cette dernière est avant tout célèbre parce qu'elle fait apparaître le capitaine Haddock, qui deviendra une figure-phare des aventures. Selon Hergé, le nom de ce personnage lui serait venu alors que son épouse cuisinait du Haddock, le nom d'un poisson devenu familier aux Belges à l'époque des restrictions de viande due au rationnement alimentaire pendant l'occupation allemande. Après quelques planches envoyées au journal, Hergé abandonne définitivement les Exploits de Quick et Flupke. Durant ces années d'occupation, les sujets traitent de « littérature d'évasion ». Les 98 planches du « Crabe » sont bouclées le 3 septembre 1941. Entre-temps, la troupe du théâtre de la Jeunesse présente aux Galeries de Bruxelles une pièce écrite par Hergé et Jacques Van Melkebeke : Tintin aux Indes ou le Mystère du diamant bleu (avril 1941). Le décor est planté dans l'Inde des Maharadjahs. On note, outre Tintin, la présence des Dupond et celle d'un savant sourd, esquisse du futur professeur Tournesol. C'est d'ailleurs au théâtre que Van Melkebeke présente à Hergé son ami Edgar P. Jacobs (1904-1987) qui devient rapidement « décoriste » et coloriste du père de Tintin. En 1936, Charles Lesnes, introducteur d'Hergé chez Casterman, expliquait au dessinateur qu'il fallait de toute évidence et le plus rapidement possible entrer « dans une voie nouvelle : celle de la couleur ». Trois ans plus tard, Hergé et ses collaborateurs s'étaient mis à l'œuvre et les quatre premiers albums, hormis Tintin au pays des Soviets, étaient achevés. Cependant ces refontes ne concernaient que des encarts colorisés hors-texte au sein des albums en noir et blanc. En revanche, l'acquisition par Casterman d'une nouvelle machine offset fait évoluer les choses. Dès février 1941, Louis Casterman demande à Hergé d'envisager la possibilité de réduire sensiblement le nombre de pages des futurs Tintin pour qu'ils puissent être imprimés en couleur par le procédé offset. Après avoir longuement hésité, Hergé accepte de mettre en couleurs ses histoires et de respecter le cadre des 62 pages : La tâche étant immense, Hergé doit être épaulé par des collaborateurs, dont Edgar P. Jacobs, qui entament un important travail de refonte et de mise en couleurs des albums d'avant-guerre. L'artiste annonce à l'éditeur son intention d'organiser « une sorte d'atelier, spécialisé dans ce genre de travail » : Eugène Van Nyverssel, son épouse Germaine, Edgar P. Jacobs, Alice Devos, Guy Dessicy, Franz Jageneau et Monique Laurent forment la première équipe. Pourtant, Hergé ne se limite pas uniquement au coloriage de ses albums : il en profite pour corriger les maladresses de dessin ou de découpage, il réécrit lisiblement les textes, et enfin il supprime ou ajoute des cases. L'Étoile mystérieuse est le premier album à résulter de ce long travail : 176 strips parus dans Le Soir du 20 octobre 1941 au 21 mai 1942 sont remaniés en 62 planches. Les planches de L'Étoile mystérieuse sont alors teintées d'antisémitisme et d'anti-américanisme. Au cœur d'une expédition scientifique en Arctique, Hergé prend soin de mettre en scène des ressortissants de pays neutres ou alliés de l'Allemagne (Suède, Espagne, Allemagne, Suisse et Portugal) et dans la version d'avant 1945, le navire concurrent est américain. L'œuvre d'Hergé souffre peu de la censure allemande : en 1941, les autorisations de réimprimer Tintin en Amérique et L'Île noire demandées par Casterman tardent à venir, mais la réédition aura lieu, et aucun album de Tintin, sauf L'Île Noire à l'été 1943, ne sera interdit sous l'Occupation. Le 5 mars 1942, il est l'un des rares à intervenir, pour la première fois, sur Radio-Bruxelles. À la fin de l'année, L'Île Noire, L'Oreille cassée et Le Crabe aux pinces d'or sont presque terminés. Évasion dans l'aventure (1942-1944) Tintin illustrant le thème de la plongée dans les couloirs du Centre sportif de Blocry à Louvain-la-Neuve avec des scènes tirées de l'album Le Trésor de Rackham le Rouge. Sur sa lancée, Hergé poursuit l'écriture de récits d'évasion, un peu comme pour faire oublier le quotidien de l'Occupation. Le 11 juin 1942, Le Secret de La Licorne, prémices d'une chasse au trésor, commence à paraître dans Le Soir. Voulant éviter la monotonie, l'artiste introduit dans son histoire un maximum de fantaisie et de liberté. Pour la première fois, ce sont les personnages secondaires qui perturbent le bon déroulement de l'histoiren. Après les Peaux-Rouges de Tintin en Amérique, le dessinateur traite ici d'un autre thème mythique de la littérature de jeunesse : les corsaires et les pirates. Pour plonger le lecteur dans cet univers, il l'embarque, fin xviie siècle, à bord d'un vaisseau de Louis XIV, « La Licorne », commandé par un ancêtre du capitaine Haddock. Depuis L'Étoile mystérieuse, Hergé regrettait de ne pas avoir dessiné le navire d'exploration l'Aurore à partir d'une véritable maquette. Pour La Licorne, il procède méthodiquement en reproduisant très fidèlement les caractéristiques des vaisseaux d'époque dont les maquettes étaient visibles au Musée de la Marine de Paris. L'histoire se poursuit dans Le Trésor de Rackham le Rouge (à partir du 19 février 1943 dans Le Soir). Cet épisode marque l'apparition du professeur Tournesol, personnage haut en couleur, inspiré du physicien suisse Auguste Piccard (1884-1962). Ce dernier fut le concepteur de nombreuses inventions comme le ballon stratosphérique ou le bathyscaphe et réalisa des plongées sous-marines. L'aventure se termine par l'acquisition du château de Moulinsart, au terme de 183 strips en noir et blanc le 23 septembre 1943. Au tournant du Trésor de Rackham le Rouge et des Sept Boules de cristal, Hergé introduit le château de Moulinsart et son serviteur Nestor. Il s'agit alors de la demeure historique de la famille Haddock qui est rachetée pour le capitaine par Tournesol grâce aux fonds qu'il a gagné en vendant au gouvernement le brevet de son sous-marin : c'est la fin du « nomadisme » des personnages. Les Sept Boules de cristal commencent d'ailleurs le 16 décembre 1943 dans ce nouveau décor somptueux, largement inspiré du château français de Cheverny (privé de ses deux ailes extérieures). Dans la lignée des Cigares du pharaon et de L'Étoile mystérieuse, le dessinateur fait de la malédiction d'une momie inca l'énigme centrale de son histoire. À l'époque, aidé par son collaborateur Edgar P. Jacobs, Hergé s'attache de plus en plus au réalisme des décors. Aussi Jacobs repère-t-il dans la banlieue bruxelloise une villa qui servira de modèle pour la maison du professeur Bergamotte : Jacobs avait découvert exactement le genre de villa qui convenait, pas très loin de chez moi, toujours à Boitsfort. Et nous voilà postés devant cette maison, amassant des croquis sans nous inquiéter […]. Notre travail terminé, nous repartons paisiblement. Surgissent à ce moment deux autos grises […] qui stoppent devant la villa : celle-ci était réquisitionnée et occupée par des SS ! Cette aventure est probablement celle où l'évolution sera la plus soumise aux aléas de la guerre : la progression est ralentie pour être totalement interrompue avec la Libération de Bruxelles par la Division britannique des Guards, au matin du 4 septembre 1944. L'interruption correspond approximativement à la séquence où Tintin effectue une visite à l'hôpital. Texte © Wikipédia
Dur retour
Années difficiles (1944-1946) À partir de 1943, des tensions apparaissent au sein du Soir. De Becker se brouille avec la hiérarchie allemande et devient progressivement anti-nazi. Il est démis de ses fonctions et placé en résidence surveillée en Bavière jusqu'à la fin de la guerre. Le 4 septembre 1944, Hergé fête la Libération avec Jacobs et deux soldats britanniques chez lui. Or, trois jours plus tard son domicile est perquisitionné par la Police Judiciaire. Mais le monde d'Hergé s'écroule. Durant l'automne 1944 plusieurs de ses amis proches dont Jacques Van Malkebeke, Paul Jamin et l'abbé Wallez sont arrêtés et jugés pour leur rôle de collaborateurs ou leur proximité supposée avec l'idéologie nazie. L'ecclésiastique comme les autres est condamné à mort avant que la peine ne soit commuée en quelques années de prison. Le 8 septembre, le Haut Commandement Interallié ordonne l'interdiction momentanée de l'exercice de tous les journalistes ayant collaboré à la rédaction d'un journal pendant l'Occupation. Après la Libération de Bruxelles, les milices de la Résistance effectuent une vague d'arrestations dans le milieu journalistique. Bien que n'y ayant jamais rédigé d'articles politiques, Hergé avait en effet travaillé pour Le Soir entre 1940 et 1944. Hergé est arrêté par quatre fois et passe une nuit en prison : « Plus personne ne vous connaît ni même les éditeurs, plus personne ! » — Interview d'Hergé. « J'ai été arrêté quatre fois, chaque fois par des services différents, mais je n'ai passé qu'une nuit en prison ; le lendemain on m'a relâché. Je n'ai cependant pas figuré au procès des collaborateurs du Soir, j'y étais en spectateur… Un des avocats de la défense a d'ailleurs demandé : « Pourquoi n'a-t-on pas aussi arrêté Hergé ? », ce à quoi l'Auditeur militaire a répondu : « Mais je me serais couvert de ridicule ! » — Interview d'Hergé. En effet, quelques semaines auparavant, le substitut chargé de constituer le dossier des journalistes du « Soir volé » explique que « ce serait de nature à ridiculiser la justice que de s'en prendre à l'auteur d'inoffensifs dessins pour enfants », même si reconnaît-il plus loin, il allait devoir « poursuivre des chroniqueurs littéraires, sportifs, etc. » dont les écrits personnels ne sont pourtant pas sujets à critique. Le dessinateur est donc l'objet d'une certaine clémence qu'il doit au résistant belge William Ugeux. Ce dernier donne son avis sur le cas Hergé : « Quelqu'un qui s'est bien conduit à titre personnel, mais qui n'en est pas moins demeuré un anglophobe évoluant toujours dans la mouvance rexiste. Il illustrait bien la passerelle qui reliait l'esprit scout primaire et la mentalité élémentaire des rexistes : goût du chef, du défilé, de l'uniforme… Un maladroit plutôt qu'un traître. Et candide sur le plan politique » — William Ugeux, décembre 1945. Entre fin 1944 et fin 1946, Georges Remi est interdit de publication. De nombreuses rumeurs circulent alors sur son compte. Certains avancent qu'il est devenu fou et d'autres même qu'il est mort. En réalité, le dessinateur travaille sur certains de ses albums d'avant-guerre. En juin 1945, Paul Remi rentre de captivité en Belgique mais cela n'arrange pas l'état de santé de sa mère. De son côté, Hergé améliore l'efficacité narrative des images de Tintin en Amérique. De nombreuses planches de l'ancienne édition (version 1932), où certaines maladresses apparaissaient, sont corrigées. L'album est colorisé et calibré en 62 pages. Tintin au Congo est le second album à subir une refonte totale. L'auteur prend soin de modifier certaines séquences de la version en noir et blanc qui pourraient être embarrassantes à une époque sensible. Ce sont les détails colonialistes qui sont « adoucis », comme la célèbre leçon de géographie à des Congolais où Tintin s'exclamait : « Votre patrie la Belgique » (version 1930), qui devient une leçon de mathématiques : « Deux plus deux égalent ? » (version 1946). Casterman lui réclame les planches originales du Sceptre d'Ottokar pour les coloriser, mais celles-ci sont restées dans les locaux de Cœurs Vaillants pendant l'Occupation et ont disparu. Enfin dernier album concerné, Le Lotus bleu, dans l'ensemble peu modifié exceptés la colorisation, le calibrage paginal et quelques enrichissements de décor (version 1946). À la même période, Hergé lance avec Edgar P. Jacobs des planches de bandes dessinées sous le pseudonyme de « Olav ». Le Journal de Tintin (1946-1947) Le 19 avril 1946, Élisabeth Remi, la mère d'Hergé, décède dans un hôpital psychiatrique (banlieue nord-est de Bruxelles). Au cours de l'été, l'ancien résistant Raymond Leblanc (1915-2008) propose à Hergé d'obtenir pour lui l'autorisation de créer un journal. Leblanc fonde Le Journal de Tintin et Hergé devient le directeur artistique des bureaux situés au 55 rue du Lombard à Bruxelles. De nombreux dessinateurs coopèrent dont Edgar P. Jacobs, Jacques Van Melkebeke et Jacques Laudy. Le premier numéro de l'hebdomadaire paraît le 26 septembre 1946. Les conditions de travail ne sont plus celles de l'Occupation, ce qui améliore considérablement la qualité du dessin (format à l'italienne, finesse des couleurs, taille des images…). Après deux ans d'interruption, la suite des Sept Boules de cristal apparaît dans le premier numéro du Journal sous le titre « Le Temple du Soleil ». Le tournant entre les deux albums s'effectue le 16 janvier 1947. Envoyant ses héros au Pérou, la documentation amassée, avec l'aide d'Edgar P. Jacobs, pour l'occasion est considérable. Outre les croquis et les photos, la source de référence du dessinateur est l'ouvrage de Charles Wiener, Pérou et Bolivie (1880). En parallèle du récit de l'aventure, les planches doubles du Journal permettent l'impression en bas de page de documents renseignant le lecteur sur les civilisations précolombiennes. Après avoir contribué à la documentation et au coloriage du Temple du Soleil, Edgar P. Jacobs continue son chemin en se consacrant aux aventures de ses propres héros Blake et Mortimer à partir de janvier 1947. La période est particulièrement difficile pour Hergé. Une querelle éclate au printemps entre son agent Bernard Thièry et lui. Accusé d'escroquerie, ce dernier menace le dessinateur de divulguer la collaboration de Van Melkebeke alors interdit de publication depuis la Libération. L'abbé Wallez, quant à lui, est condamné à quatre années de prison le 10 juin. Première remise en question (1947-1949) Comme il le souligne dans l'une de ses lettres, le dessinateur est « las » : « Quand je dis que je suis blasé, c'est fatigué que je devrais dire. Je suis las de ces éloges ; je suis las de refaire pour la ixième fois le même gag […]. Ce que je fais ne répond plus à une nécessité. Je ne dessine plus comme je respire, comme c'était le cas il n'y a pas tellement longtemps. Tintin, ce n'est plus moi […]. » — Lettre d'Hergé à sa femme (11 juin 1947). Pour se changer les idées, le couple Remi part en Suisse durant une grande partie de l'été 1947. À leur retour, ils caressent le projet de s'établir en Amérique du Sud, loin des problèmes de la Belgique d'après-guerre. Au printemps 1948, l'artiste belge qui rêve d'adapter Tintin au cinéma envoie une lettre à Walt Disney pour lui demander son appui, en vain. Durant l'été, Georges et sa femme reprennent la direction de la Suisse accompagnés de Rosana, âgée de 18 ans et fille d'une amie de Germaine. Durant le séjour, l'homme et la jeune fille entretiennent une courte liaison amoureuse sitôt avouée. Entre-temps, d'autres collaborateurs essentiels apparaissent dans le sillage d'Hergé : Bob de Moor (1925-1992) ou Guy Dessicy. Le 16 septembre 1948, Hergé reprend une publication avortée de 56 planches en mai 1940 du fait de la disparition du Petit Vingtième : Tintin au pays de l'or noir. Le scénario avait débuté avant guerre avec l'attentat d'Haïfa survenu durant l'été 1938 à l'encontre de l'occupant britannique. Cette aventure est celle qui connaît le plus de fluctuations. En une décennie, l'histoire fut arrêtée trois fois : en mai 1940 (occupation de Bruxelles), en juin 1947 (première déprime d'Hergé) et enfin en avril 1949 (seconde déprime). Avant de compléter la suite de l'histoire, Georges Remi procède à certaines adaptations par rapport aux planches de 1939-1940 : il intègre ainsi le capitaine Haddock et le château de Moulinsart. Comme l'exprime B. Peeters : « Véritable fantôme se glissant dans un récit qui n'avait pas été prévu pour lui, Haddock apporte à cet album une note de bizarrerie presque surréaliste. » Apparaissent au cours de cette aventure, l'émir Ben Kalish Ezab et son fils Abdallah inspiré de Fayçal II, fils de Ghazi Ier le roi d'Irak. D'un point de vue politique, c'est le témoignage des tensions qui subsistent pour l'indépendance sur fond de concessions pétrolières durant les années 1940 et 1950 dans le royaume d'Irak. L'épilogue est publié le 23 février 1950. Depuis le 16 décembre 1949, les Remi ont fait l'acquisition d'une ferme dont l'origine remonte au XVIe - XVIIe siècle, époque de la domination espagnole, ancienne propriété Labouverie, dans le village de Céroux-Mousty, rue de Ferrières, au sud de Bruxelles, dans le Brabant wallon. Studios Hergé (1949-1952) Depuis 1950, Hergé a le projet d'envoyer ses héros sur la Lune. L'idée lui en est venue à la lecture d'un livre d'Alexandre Ananoff intitulé l'Astronautique et il se met en rapport épistolaire avec l'auteur pour en obtenir des précisions sur l'aménagement d'une fusée habitable et sur les commandes et instruments de contrôle de celle-ci. L'ampleur du projet nécessite, par sa masse de documentation et de travail, une équipe autour d'Hergé et une organisation digne d'une véritable entreprise. Le 6 avril 1950, Me Willocx, notaire à Saint-Gilles, signe l'acte de la société anonyme Studios Hergéq. Bob de Moor, second depuis le départ de Edgar P. Jacobs, est rejoint par Jacques Martin, Roger Leloup et d'autres. Pour calmer le chagrin de son père devenu veuf, Hergé le nomme comme responsable des archives. Dans le contexte international de l'époque, une partie du monde est entrée dans la guerre froide. Le sujet de la nouvelle aventure de Tintin a pour toile de fond tantôt le rêve mythique de Jules Verne De la Terre à la Lune (1865) tantôt le contexte d'après-guerre d'utilisation des missiles et fusées. Entre 1948 et 1950, le bloc occidental reprend à son profit la technologie des V2 allemands (fusée Véronique mise au point en 1948). Afin d'être lavé de tout soupçon, Hergé plante son action dans l'un de ses pays imaginaires, la Syldavie. Le 30 mars 1950, les premières planches de On a marché sur la Lune apparaissent dans le Journal de Tintin. D'autre part, les Studios Hergé amassent une documentation énorme auprès du docteur Bernard Heuvelmans (une connaissance du groupe), spécialiste de la cryptozoologie. Le fruit de cette collaboration donne naissance à une première planche, écrite par Hergé et Jacques Van Melkebeke (le rédacteur en chef du Journal de Tintin) qui se déroule aux États-Unis avec la participation des professeurs Tournesol et Calys. Jugée médiocre, Hergé l'abandonne tout en continuant la collaboration avec Heuvelmans. Mais le projet astronautique continue et une maquette de la fusée est conçue - dans laquelle on trouve l'influence des dessins et schémas d'Ananoff - pour permettre au décorateur-en-chef d'Objectif Lune (Bob de Moor) de rendre les scènes techniquement plus réalistes. Afin d'éviter la lourdeur documentaire du sujet, Hergé introduit une ligne humoristique au travers du capitaine Haddock, pour rendre l'histoire plus légère. L'aventure se termine le 30 décembre 1953 au terme de 117 planches parues. L'ensemble est scindé en deux albums distincts : Objectif Lune (Casterman, 1953) et On a marché sur la Lune (Casterman, 1954). À la fin des deux épisodes Hergé dresse un jugement sévère : d'une part il est insatisfait de la fin tragique de l'ingénieur Wolff : « Il fallait sortir de cette impasse et j'ai fini par céder, et par écrire cette sottise : « Peut-être par miracle me permettra-t-il d'en réchapper. […] » Il n'y a pas de miracle possible : Wolff est condamné sans appel, et il le sait mieux que quiconque. » D'autre part, l'auteur estime que le sujet extraterrestre est étroit et qu'il a, selon lui, fait le tour pour ne plus y revenir : « Que voulez-vous qu'il se passe sur Mars ou sur Vénus ? Le voyage interplanétaire, pour moi, est un sujet vidé. » L'évolution de la conquête spatiale par les Soviétiques et les Américains et l'apparition du « mythe » des OVNI ne changeront rien à cette opinion, en tout cas quant aux projets d'Hergé dans la bande dessinée. Quelques semaines plus tard, le dessinateur achète un étage d'appartement, avenue Louise à Bruxelles, pour y installer les Studios Hergé. Casterman commande à Hergé les planches d'avant-guerre (1935-1939) revisitées et en couleurs de Jo, Zette et Jocko. Les collaborateurs du dessinateur se mettent au travail et cinq albums sont proposés : Le Testament de M. Pump et Destination New-York (1951) reprennent les planches du Stratonef, Le « Manitoba » ne répond plus et L'Éruption du Karamako (1952), reprennent Le Rayon du mystère et enfin La Vallée des cobras (1956). Sur les instructions d'Hergé, Jacques Martin s'est personnellement occupé de ce dernier album à l'origine inachevé. Texte © Wikipédia
superstar
Crise personnelle (1952-1959) Drapeau imaginaire de la Bordurie inspiré des moustaches de Joseph Staline. Durant la conception des deux albums précédents, son épouse Germaine est grièvement blessée lors d'un accident de voiture (17 février 1952). Quelques mois plus tard, Norbert Wallez récemment sorti de prison décède pendant que le dessinateur retrouve son amie d'enfance Marie-Louise van Cutsem lors d'une dédicace d'albums au Palais des Beaux Arts de Bruxelles (septembre 1952). Ces événements n'arrangent en rien la fragilité psychologique d'Hergé. Mais les affaires reprennent l'année suivante et Tintin devient une véritable icône mondiale. Les Studios Hergé font l'acquisition de locaux plus vastes et déménagent le 1er avril 1953 pour l'avenue Louise à Bruxelles. Poussé par Casterman à éditer la dernière aventure de Jo, Zette et Jocko publiée en 1939, Hergé ne parvient pas à mettre la main sur les planches originales laissées à Cœurs Vaillants qui ne veut pas les lui rendre. Enfin, Raymond Leblanc travaille au projet du premier magasin Tintin à proximité des Studios Hergé, avenue Louise. Le 23 décembre 1954, L'Affaire Tournesol commence à paraître dans le Journal. Après la visite de Séraphin Lampion, les héros sont envoyés en Suisse où Hergé s'était préalablement rendu en repérage. Il croqua et photographia l'hôtel Cornavin à Genève, la demeure du professeur Topolino à Nyon ou les bords du lac Léman : « Il fallait que je découvre l'endroit exact près de Genève, où une voiture peut quitter la route et tomber dans un lac. » L'Affaire Tournesol est l'aventure par excellence qui rend le mieux compte de l'atmosphère de la guerre froide. Les tensions entre la Syldavie et la Bordurie trahissent les affrontements entre les blocs. Le symbole bordure des moustaches de Plekszy-Gladz est un mélange du brassard nazi et des moustaches de Staline qui vient de mourir (mars 1953). La série se termine le 22 février 1956. La même année, Hergé entame une relation extra-conjugale avec l'une de ses coloristes, Fanny Vlamynck, arrivée aux Studios en 1955. Les paysages blancs du Tibet. Entre octobre 1956 et janvier 1958, les Studios Hergé réalisent Coke en stock. Cette dix-neuvième aventure est celle du retour d'anciennes connaissances. Ainsi réapparaissent : l'émir ben Kalish Ezab, Abdallah, le général Alcazar, Dawson, le docteur Müller, le lieutenant Allan, Rastapopoulos, Bianca Castafiore, Séraphin Lampion et Oliveira da Figueira. L'intrigue tourne autour du trafic d'armes et surtout d'esclaves qu'Hergé voulait dénoncer. Accompagné de Bob de Moor, l'artiste se rend sur un cargo suédois pour y prendre des clichés qui serviront de décor pour l'aventure. En parallèle, la santé psychique d'Hergé demeure instable, marquée par des rêves de blanc et angoissants. Tintin au Tibet, l'album probablement le plus personnel de son œuvre, reflète bien l'état d'esprit de l'auteur à la fin des années 1950. Pour lutter contre ses démons, le dessinateur débute sa nouvelle aventure le 17 septembre 1958 : « À un certain moment, dans une sorte d'alcôve d'une blancheur immaculée, est apparu un squelette tout blanc qui a essayé de m'attraper. Et à l'instant, tout autour de moi, le monde est devenu blanc, blanc. » Il consulte un psychanalyste zurichois, disciple de Carl Gustav Jung, qui lui conseille purement et simplement d'arrêter de travailler. Mais Hergé ne tient pas compte de ses recommandations et poursuit la réalisation de l'album. Tintin au Tibet sera tout simplement le remède à cette crise des rêves et du subconscient meurtri de Georges Remi. La vingtième aventure est assez singulière et se démarque particulièrement des autres : pas de personnages secondaires, pas de méchants et un Tintin plus humain que jamais à la recherche de son ami de toujours, Tchang. Le rôle d'Haddock équilibre l'ensemble grâce à son humour décalé et râleur. C'est aussi une documentation précise sur l'Himalaya, Katmandou et surtout le plus d'informations possibles sur le légendaire Yéti. Cet hypothétique abominable homme des neiges dont l'existence fut défendue par le cryptozoologiste belge Bernard Heuvelmans et dont Maurice Herzog pensait que les traces mystérieuses qu'il avait découvertes dans la neige de l'Annapurna, à haute altitude, pourraient être celles de ce primate survivant de la préhistoirer. Plus on progresse vers la fin de l'album, plus la blancheur l'emporte sur les autres couleurs : une couleur pure mais qui hante le dessinateur depuis plusieurs mois. Enfin, le monde du rêve est au centre de l'intrigue : rêve prémonitoire, télépathie, lévitation… L'histoire est terminée le 25 novembre 1959. Libéré de ses démons, Hergé quitte sa femme Germaine, mais sans pour autant pouvoir divorcer car celle-ci ne le lui accordera qu'en 1977. Succès mondial de Tintin (1959-1960) Vers la fin des années 1950, Hergé voyage beaucoup : il traverse l'Italie, l'Angleterre, la Suède, la Grèce et le Danemark. Les albums de son héros Tintin voyagent aussi. À partir de 1946, les premières traductions néerlandaises sont commandées : la maison d'édition Casterman édite le Secret de La Licorne dans sa version néerlandaise (Het Geheim van de Eenhoorn), suivi de L'Oreille cassée (Het Gebroken Oor), L'Île Noire (De Zwarte Rotsen) et enfin tous les autres albums. En 1948, Casterman atteint le premier million d'exemplaires vendus. Quatre albums vont poser problème aux éditeurs anglophones et ces derniers de réclamer des modifications à Hergé : • L'Étoile mystérieuse : Dans la version originale de L'Étoile mystérieuse, dessinée en pleine Occupation allemande, Hergé avait donné aux ennemis du navire l'Aurore la nationalité américaine comme le montre la case illustrant le canot se dirigeant vers l'aérolithe tombé en mer. À la suite des pressions exercées par les éditeurs anglophones, Hergé remplace en 1954 le drapeau américain par le drapeau fictif du Sao Rico. • Le Crabe aux pinces d'or : Le Crabe aux pinces d'or doit aussi se conformer aux exigences d'outre-Atlantique. Le puritanisme américain réclame entre autres, pour l'édition 1958, le retrait de deux cases dans lesquelles on voit le capitaine Haddock boire du whisky au goulot pour, dit-on, ne pas inciter les jeunes à boire… • L'Île Noire : En 1965, Methuen insiste pour que soit réalisée une version actualisée et plus réaliste de L'Île Noire à l'intention des lecteurs britanniques. En effet, l'éditeur londonien venait de trouver 131 erreurs de détail dans la précédente édition de 1943. Surchargé de travail, l'artiste dépêche sur place son assistant Bob de Moor qui a pour mission de croquer et de photographier les traces de Tintin en Écosse. Les changements de la nouvelle édition (1966) sont frappants : l'électrification des lignes ferroviaires, le whisky Johnny Walker devient l'insignifiant Loch Lomond, l'automobile de Müller devient une Jaguar (modèle Jaguar Mark X de 1961) ou encore la voiture à bras des pompiers devient un camion moderne… • Tintin au pays de l'or noir : Enfin, en 1969, Methuen fait redessiner Tintin au pays de l'or noir pour qui la version originale est obsolète : « L'album ne pouvait paraître en Grande-Bretagne dans sa version originale : il y était question de la lutte des organisations juives contre l'occupant britannique, avant l'indépendance d'Israël. » Texte © Wikipédia
1961-1983
Recul de l'auteur (1961-1967) Toutes les activités accumulées par Hergé depuis les années 1950 (refonte d'albums, confections des cartes de vœux, adaptations au cinéma) en font un homme fatigué qui espace de plus en plus ses nouvelles aventures. Avec sa nouvelle histoire, il veut à la fois camper Tintin chez lui à Moulinsart, sans exotisme, « pour voir si j'étais capable de tenir le lecteur en haleine jusqu'au bout » et d'autre part, bouleverser ses habitudes d'écriture. Les Bijoux de la Castafiore, sorte « d'anti-aventure » paraît à partir du 4 juillet 1961 dans le Journal de Tintin. « Ce côté aventure me paraît à l'heure actuelle un peu infantile. » Le scénario est digne d'une planche de Quick et Flupke : le récit banal est dérangé par des actions extérieures qui viennent à lui dans un cadre limité : la propriété de Moulinsart. Hergé s'amuse à dérégler ses personnages. Tintin est effrayé par une chouette, Haddock passe son temps en fauteuil roulant, les Dupondt ne cessent de se casser la figure et le paroxysme de ce dérèglement est la séance de télévision dans le laboratoire de Tournesol. Au terme des 62 planches, l'aventure se termine le 4 septembre 1962. Quatre ans après la fin des Bijoux de la Castafiore, Hergé entame sa prochaine aventure : c'est le 27 septembre 1966. Ici Tintin et ses amis sont de nouveau projetés à l'étranger (sur une île indonésienne). Dans Vol 714 pour Sydney, destination d'origine des héros, le dessinateur continue dans sa lancée de démythification de la famille de papier en réglant ses comptes avec les « méchants » : Rastapopoulos en est l'exemple frappant : En cours de récit, je me suis rendu compte qu'en définitive Rastapopoulos et Allan n'étaient que de pauvres types. J'ai découvert ça après avoir habillé Rastapopoulos en cow-boy de luxe […]. D'ailleurs, ainsi déboulonnés, mes affreux me paraissent un peu plus sympathiques : ce sont des forbans, mais de pauvres forbans !… Autre point essentiel de l'album, c'est la maquette du Carreidas, jet privé du milliardaire Lazlo Carreidas, caricature du constructeur français Marcel Dassault. Le Journal de Tintin présente un « écorché » extrêmement précis de l'avion réalisé par Roger Leloup (1966). Enfin, par le biais du personnage Ezdanitoff (inspiré du journaliste Jacques Bergier), Hergé initie ses lecteurs à la parapsychologie et boucle l'histoire par l'intervention discrète des extraterrestres comme clin d'œil humoristique. La fin est proposée dans le Journal du 28 novembre 1967. Reconnaissance internationale (1967-1975) Tintin est devenu un héros universel. « Au fond, je n'ai qu'un seul rival international : c'est Tintin » ira jusqu'à dire Charles de Gaulle. Après la fin de Vol 714 pour Sydney, Hergé décide de mettre de côté Tintin quelques années pour voyager, s'adonner à sa nouvelle passion l'art contemporain et surtout se reposer. Le 6 juin 1970, Alexis Remi le père de l'artiste, décède à l'âge de 87 ans. Grand fan des Indiens d'Amérique depuis sa jeunesse, Hergé les rencontre pour la première fois, accompagné de sa compagne Fanny Vlamynck dans le Dakota du Sud (1971). La même année, il donne une interview exclusive au jeune journaliste Numa Sadoul qui dure pendant quatre jours. Cette entrevue lui permet de se dévoiler et de brosser un tableau intime de Tintin et de sa vie. Pourtant, c'est durant cette décennie que le dessinateur va se trouver propulsé sur le devant de la scène. En effet, il reçoit de nombreux hommages et des décorations. En 1973, il est reçu par le gouvernement de Tchang Kaï-chek pour avoir soutenu la cause chinoise en 1935. Trois ans plus tard, après quarante-deux ans de séparation, il retrouve les traces de son ami chinois Tchang Tchong-Jen, le coauteur du Lotus bleu qu'il croyait mort. En 1977, il obtient un divorce de Germaine Kieckens, et se remarie avec Fanny Vlamynck. En 1979, Andy Warhol réalise une série de quatre portraits de l'artiste belge qui resteront mondialement célèbres. Enfin, les années 1970 sont celles de la notoriété internationale d'Hergé gagnée en plusieurs stades progressifs. Durant les années 1930, les ventes éditées par le Petit Vingtième étaient très modestes (moins de 50 000 exemplaires en Belgique). Une première percée se produisit en 1941 avec la publication du Crabe aux pinces d'or favorisée par l'apparition de l'album en couleur quelques mois plus tard chez Casterman. L'apparition du Journal Tintin en 1946 stimula encore davantage les ventes pour atteindre le million d'exemplaires vendus en 1948. À partir de ce moment, la machine est en marche et il n'est plus possible de l'arrêter : un million d'exemplaires par an (1960), 10 millions d'exemplaires (1961), 26 millions (1970), 81 millions (1980) et jusqu'à 6 millions pour la seule année 1983 ! À la mort du dessinateur, Les Aventures de Tintin étaient traduites en une quarantaine de langues à travers le monde. Texte © Wikipédia
The End
Dernière œuvre et l'Œuvre inachevée (1975-1983)
Huit ans après la fin de Vol 714 pour Sydney, l'avant-dernière aventure de Tintin apparaît le 16 septembre 1975 dans le Journal.
Depuis le précédent album, Hergé ne travaille plus que pour son plaisir et il prend son temps pour bâtir l'histoire :
L'idée a mis longtemps à prendre forme ; c'est comme une petite graine, un petit ferment qui prend son temps pour se développer.
J'avais un cadre :
l'Amérique du Sud […] mais rien ne prit forme avant longtemps :
il fallait que vienne un déclic.
Hergé présente des personnages profondément modifiés d'une part physiquement
(port du jean, pratique du yoga, déplacement à cyclomoteur…) et moralement (extrême passivité face aux actions).
Suite de L'Oreille cassée, Tintin et les Picaros reprend un certain nombre de personnages déjà connus du public :
le général Alcazar, le colonel Sponsz, Pablo, Ridgewell… Des nouveaux interviennent :
Peggy Alcazar, le général Tapioca (qui n'était jusqu'alors que mentionné), le colonel Alvarez.
L'artiste s'inspire de nouveau du contexte international instable en Amérique Latine marqué, au cours des années 1970,
par l'affaire Régis Debray et des coups d'État à répétition :
notamment au Chili, le suicide du président Salvador Allende lors du coup d'État militaire du général Pinochet en 1973.
Dans Les Picaros, Hergé fait de nouveau intervenir Tintin dans les affaires de l'État fictif du San Theodoros.
Enfin, par le prisme de cette bande dessinée, certains y voient le début de la fin :
Malgré les apparences, la fin de Tintin et les Picaros est la plus amère qu'ait jamais dessinée l'auteur.
« Eh bien je ne serai pas fâché de me retrouver chez nous, à Moulinsart… » déclare le capitaine Haddock […]
« Moi aussi capitaine… » répond laconiquement Tintin.
On sent […] que les héros, cette fois, sont bel et bien fatigués.
Le 13 avril 1976, Hergé termine Les Picaros. Il a déjà, à cette période, un projet pour le prochain album :
J'ai une idée, ou plutôt, une fois encore, j'ai un lieu, un décor :
j'aimerais que tout se passe dans un aéroport, du début à la fin.
En 1978, l'auteur abandonne l'idée de l'aéroport pour le thème de l'art contemporain, sa nouvelle passion depuis les années 1960.
Cependant, l'année 1979 est celle du demi-siècle de Tintin, ce qui occupe tout le temps du dessinateur.
Par ailleurs, son état de santé se dégrade.
Tintin et l'Alph-Art s'esquisse lentement, malgré l'épuisement de l'auteur.
Le 18 mars 1981, Hergé retrouve Tchang, avec qui il s'était lié d'amitié lors de la réalisation du Lotus bleu.
Après plus de 40 années de séparation, leurs retrouvailles sont organisées à Bruxelles, par Gérard Valet, journaliste à la RTBF,
et la rencontre est retransmise en direct à la télévision.
Hergé apparaît très affaibli et semble extrêmement gêné par cette hyper-médiatisation, à laquelle Tchang semble répondre
plus facilement.
De plus, leurs opinions sur le Tibet sont diamétralement opposées, Tchang étant d'avis qu'il s'agit d'une affaire interne chinoise,
tandis qu'Hergé est acquis à la cause tibétaine.
La rencontre est donc une déception, mais Tchang et son fils restent tout de même trois mois chez leur ami.
La maladie progresse, Hergé doit s'aliter et subir régulièrement des transfusions sanguines.
Courant février 1983, il est hospitalisé à la clinique Saint-Luc de Woluwe-Saint-Lambert.
Après une semaine passée dans le coma, Georges Remi meurt le 3 mars 1983, à l'âge de 75 ans.
Les médecins pensent qu'il est atteint par la leucémie, mais des théories alternatives proposent une infection par le VIH,
encore peu connu à l'époque.
La dernière aventure de Tintin est interrompue au niveau de la planche.
Le défunt est inhumé, à sa demande, au cimetière du Dieweg dans la commune bruxelloise d'Uccle, et cela par dérogation spéciale
car cette nécropole est désaffectée.
Mais il s'y trouve un certain nombre de monuments remarquables qui plaisaient à Hergé.
Texte © Wikipédia
Oeuvres
Tintin
Introduction
Tintin est un personnage de fiction créé par le dessinateur belge Hergé dans la série de bandes dessinées
Les Aventures de Tintin, dont il est le personnage principal.
Il apparaît pour la première fois dans le supplément jeunesse Le Petit Vingtième du journal belge Le Vingtième Siècle,
avec les aventures de Tintin au pays des Soviets en 1929.
Il est considéré comme le « descendant » de Totor, chef scout créé par Hergé en 1926 pour la revue Le Boy-Scout belge.
Tintin est un jeune reporter, toujours accompagné dans ses voyages par son fox-terrier Milou.
Tintin est un grand voyageur : entre autres destinations, il se rend en URSS, au Congo belge, en Inde, en Égypte,
en Chine et au Tibet, au Pérou, et il va même jusqu'à marcher sur la Lune.
Si la belgitude de Tintin demeure, elle a depuis longtemps été transcendée par l'engouement universel pour ce héros
connu de millions de lecteurs.
Tintin est en effet devenu un personnage majeur de la bande dessinée dans le monde.
Les Aventures de Tintin font partie des plus célèbres et plus populaires (250 millions d'exemplaires vendus)
bandes dessinées européennes du xxe siècle.
Elles ont été traduites en une centaine de langues et dialectes et adaptées à de nombreuses reprises au cinéma,
à la télévision et au théâtre.
Elles se déroulent dans un univers réaliste et parfois fantastique, fourmillant de personnages aux traits de caractère
bien définis. Le héros de la série est le personnage éponyme, Tintin, un jeune reporter et globe-trotter belge ;
il est accompagné dans ses aventures par son fox-terrier Milou.
Au fil des albums, plusieurs figures récurrentes apparaissent, comme le capitaine Haddock
– qui ne tarde pas à devenir un personnage principal –, les détectives accumulant les maladresses loufoques
Dupond et Dupont, ou encore le professeur Tournesol, et de la Bianca Castafiore, dont il fait la connaissance dans
l'aventure Le Sceptre d'Ottokar..
La série est appréciée pour ses dessins qui mélangent personnages aux proportions exagérées et décors réalistes.
L'utilisation de traits d'une égale épaisseur, l'absence de hachures et le recours aux aplats de couleur sont les
marques du style de l'auteur, connu sous l'appellation de « ligne claire ».
Les intrigues des albums mélangent les genres : des aventures à l'autre bout du monde, des enquêtes policières,
des histoires d'espionnage, de la science-fiction, du fantastique.
Les histoires racontées dans Les Aventures de Tintin font toujours la part belle à l'humour « peau de banane »,
contrebalancé dans les albums les plus tardifs par une certaine ironie et une réflexion sur la société.
Vue d'ensemble
intin est un reporter, profession dont Hergé se sert pour mêler son personnage à plusieurs événements d'actualité :
la révolution bolchevique en Russie, les prémices de la Seconde Guerre mondiale, la conquête lunaire, etc.
Hergé a créé autour de Tintin un univers aux détails stylisés, mais réaliste.
Il a obtenu cet effet en s'inspirant d'une importante collection de photographies.
Les Aventures de Tintin suivent une trame très linéaire — une énigme résolue de manière logique
— mais Hergé les présente avec son sens de l'humour caractéristique.
De plus, il y introduit des personnages secondaires, assez prévisibles, mais auxquels les lecteurs, dont l'attention
est captée, s'attachent parfois plus qu'aux héros.
Le dessinateur a également particulièrement bien compris les mécanismes de la bande dessinée,
en particulier concernant le rythme.
Ce sens du rythme est flagrant dans Les Bijoux de la Castafiore, album dont l'action se déroule dans une
atmosphère tendue, alors qu'il ne s'y passe aucune action aventureuse.
La publication en planches hebdomadaires imposait en effet que chaque page fasse avancer l'action suffisamment
et se termine sur un point d'humour ou de surprise qui donnait envie d'acheter la suite.
Même si le dessin peut sembler simpliste, voire caricatural pour les visages, il va devenir de plus en plus précis
sur les décors au fil du temps et des rééditions5. Ces décors ont toutefois été vite réalisés par des dessinateurs
assistants d'Hergé tels que Edgar P. Jacobs, Bob de Moor ou Roger Leloup, Hergé dessinant alors les seuls personnages.
Hergé a, dans les premiers temps, créé Les Aventures de Tintin en improvisant, ne sachant pas à l'avance de
quelle manière le héros se sortirait de toutes ses mésaventures.
Il n'a été amené à se documenter et à prévoir ses scénarios qu'après avoir terminé Les Cigares du pharaon.
L'impulsion est venue de Zhang Chongren (Tchang Tchong-jen, ou Tchang), un étudiant chinois qui, en apprenant
qu'Hergé allait envoyer Tintin en Chine pour sa prochaine aventure, l'a incité à ne pas colporter les idées reçues
qu'avaient les Européens de l'époque.
Hergé et Zhang ont ainsi travaillé ensemble sur l'épisode suivant de la série :
Le Lotus bleu, ouvrage repris dans les 100 livres du siècle, classement français des livres considérés comme
les cent meilleurs du xxe siècle, établi au printemps 1999 dans le cadre d'une opération organisée par
la Fnac et Le Monde.
Hergé y expose la manipulation conduisant à l'occupation de la Mandchourie par le Japon et l'incapacité de la Société
des Nations (SDN) dans ce conflit.
Des événements extérieurs obligent également Hergé à effectuer d'autres changements dans sa manière de créer ses
bandes dessinées.
La Seconde Guerre mondiale et l'invasion de la Belgique par les armées d'Hitler entraînent la fermeture du
Petit Vingtième.
Hergé travaillait à ce moment-là sur Tintin au pays de l'or noir.
L'histoire est interrompue et ne sera reprise qu'en septembre 1948.
Malgré la raréfaction du papier, Hergé peut poursuivre Les Aventures de Tintin en publiant, d'abord dans
Le Soir-Jeunesse puis dans Le Soir, Le Crabe aux pinces d'or, L'Étoile mystérieuse, Le Secret de La Licorne et
Le Trésor de Rackham le Rouge.
De 1941 à 1944, ces mêmes histoires paraîtront en album.
Paraissent également les versions couleur du Crabe aux pinces d'or, de L'Île Noire et de L'Oreille cassée.
Les Sept Boules de cristal ne paraîtront que partiellement dans le journal Le Soir.
Enfin, les versions de Tintin au Congo et Tintin en Amérique en néerlandais paraissent
dans le journal Het laatste Nieuws.
Pendant et après l'occupation allemande, Hergé est accusé par les autorités d'épuration d'être un collaborateur,
car le journal Le Soir était contrôlé par les nazis, et il est brièvement incarcéré à la Libération.
Il se défend en déclarant qu'il avait tout simplement fait son métier pendant l'Occupation,
comme l'auraient fait un plombier ou un charpentier.
Les histoires nées durant cette période, contrairement à sa production d'avant et d'après-guerre, sont dans l'ensemble
politiquement neutres, sans référence avec la situation de l'Europe en guerre. Néanmoins, Le Sceptre d'Ottokar
dénonce bien le déroulement d'un Anschluss, commandité par un dictateur nommé Musstler
(contraction de « Mussolini » et de « Hitler »).
Par ailleurs, l'apocalyptique album L'Étoile mystérieuse traduit la peur de l'avenir éprouvée par l’auteur durant
cette époque de guerre et distingue, dans sa version originale, un groupe ami de scientifiques issus de pays neutres
ou occupés par l'Allemagne, d'un groupe concurrent conduit par un banquier juif américain.
Mais les histoires sont souvent tournées vers les voyages, l'aventure et la chasse aux trésors, comme dans Le Secret
de La Licorne, Le Trésor de Rackham le Rouge ou Les Sept Boules de cristal.
La pénurie de papier née de la guerre entraîne un changement de format des Aventures.
Hergé avait pour habitude de donner à ses albums le nombre de pages nécessaire au développement de ses scénarios
en produisant 2 planches contenant chacune 6 cases réparties en 3 lignes de 2 colonnes.
Petit à petit, la place réservée aux aventures se réduit jusqu'à se limiter à un simple strip de 4 à 5 cases.
Le 5 février 19427, la maison d'édition Casterman persuade Hergé de passer à la couleur grâce aux machines offset
que possède l'imprimeur.
Mais cela suppose de dessiner des planches plus petites et d'adopter une longueur de 62 pages par album.
En effet, un album est constitué de 4 cahiers de 16 pages, soit 64 (62 + page de titre + verso).
Hergé agrandit donc son équipe (les dix premiers albums ont été conçus par lui-même et sa femme),
qu'il finit par regrouper en studio.
L'adoption de la couleur permet à Hergé de donner une plus grande envergure à son œuvre.
Sa manière de l'utiliser est plus subtile que celle des Américains, avec des valeurs mieux rendues à l'impression,
permettant l'emploi de la quadrichromie et, de ce fait, une approche cinématographique de la lumière et des ombres.
Hergé et son studio se servent d'images pour remplir des demi-pages ou tout simplement pour détailler et mettre
en avant une scène.
L'emploi de la couleur fait ressortir les détails importants.
Hergé insiste sur ce point en affirmant : « Je considère mes histoires comme des films. Donc, pas de narration,
pas de description. Toute l'importance, je la donne à l'image. »
La vie personnelle d'Hergé a également influencé la série.
Par exemple, Tintin au Tibet est fortement marqué par sa dépression ; ses cauchemars, qu'il aurait décrits
comme étant « tout blancs », trouvent un écho dans les paysages enneigés de l'album.
L'intrigue est basée sur les recherches menées par Tintin pour retrouver Tchang,
qu’il avait rencontré dans Le Lotus bleu.
Cet épisode ne met en scène aucun bandit, et Hergé, qui s'abstient de tout jugement de valeur, se refuse à qualifier
l'homme des neiges (le yéti) « d'abominable ».
Hergé aura aussi dénoncé dans ses ouvrages l'exploitation des minorités (Tintin en Amérique),
la traite esclavagiste (Coke en stock), le trafic d'armes et les dictatures en Amérique du Sud
(L'Oreille cassée, Tintin et les Picaros) et en Europe (L'Affaire Tournesol).
Les Aventures de Tintin se sont terminées avec la mort d'Hergé le 3 mars 1983.
La vingt-quatrième aventure, Tintin et l'Alph-Art, est restée inachevée.
Dans cet album, Tintin évolue dans le monde de l'art moderne, et l'histoire se termine sur une scène
où il risque la mort, enfermé dans du plexiglas et exposé comme une œuvre d'art.
Hergé
Hergé s'est représenté lui-même dans certains de ses albums. On le reconnaît facilement à des signes distinctifs :
une silhouette grande et maigre, une chevelure blonde, courte et abondante, un visage long et étroit, des joues creuses,
un nez pointu, un menton en retrait. Il est un simple figurant.
Les apparitions d'Hergé dans Les Aventures de Tintin sont les suivantes :
dans Tintin au Congo, parmi le groupe de journalistes qui accompagnent Tintin à son départ (p. 1).
dans Le Sceptre d'Ottokar, parmi les invités du concert dans le palais royal (p. 38)
et parmi les invités à la cérémonie de décoration de Tintin (p. 59) ;
dans Les Sept Boules de cristal, parmi les spectateurs du music-hall (p. 6) ;
dans L'Affaire Tournesol, parmi les badauds installés devant la grille du château (p. 13).
Les créateurs du dessin animé ont tenu à garder ce concept et ont fait figurer Hergé dans chacun des épisodes.
Conception de la série
Recherches documentaires
Hergé mène ses premières recherches documentaires approfondies pour l'album Le Lotus bleu, ce qu'il confirme lui-même :
« C'est à cette époque que je me suis mis à me documenter et que j'ai éprouvé un réel intérêt pour les gens et
les pays dans lesquels j'envoyais Tintin, accomplissant une sorte de devoir de crédibilité auprès de mes lecteurs. »
La documentation d'Hergé et son fonds photographique l'ont aidé à construire un univers réaliste pour son héros.
Il est allé jusqu'à créer des pays imaginaires et à les doter d'une culture politique qui leur était propre.
Ces contrées fictives sont largement inspirées par les pays et les cultures de l'époque d'Hergé.
Pierre Skilling affirme qu'Hergé voyait la monarchie comme « une forme légitime de gouvernement »,
remarquant au passage que « les valeurs démocratiques semblent absentes dans ce type de bande dessinée classique
franco-belge ».
La Syldavie, en particulier, est décrite avec beaucoup de détails, Hergé l'ayant dotée d'une histoire, de coutumes et
d'une langue qui est en fait du dialecte flamand bruxellois.
Il situe ce pays quelque part dans les Balkans et il s'inspire, de son propre aveu, de l'Albanie.
Le pays se retrouve agressé par sa voisine, la Bordurie, qui tente de l'annexer dans Le Sceptre d'Ottokar.
Cette situation rappelle évidemment celle de la Tchécoslovaquie ou de l'Autriche face à l'Allemagne nazie juste
avant la Seconde Guerre mondiale.
On peut citer à titre d'exemple les mois de préparation nécessaires à Hergé pour imaginer l'expédition lunaire de Tintin,
décrite en deux parties dans Objectif Lune et On a marché sur la Lune.
Ces travaux ont conduit à la réalisation d'une maquette détaillée de la fusée lunaire, permettant de placer sans
erreur les personnages dans le décor.
Les recherches préalables à l'élaboration de son scénario ont été commentées dans le New Scientist :
« Les recherches considérables entreprises par Hergé lui ont permis de créer une tenue spatiale très proche de
celle qui serait utilisée pour les futurs voyages lunaires, même si sa fusée était bien différente de ce qui a existé
par la suite. »
Pour cette dernière, Hergé s'est effectivement inspiré des V2 allemands.
Influences
Hergé admirait, dans sa jeunesse, Benjamin Rabier.
Il a avoué que de nombreux dessins de Tintin au pays des Soviets reflétaient cette influence, en particulier
ceux représentant des animaux.
Le travail de René Vincent, le dessinateur de mode de la période Art déco, a également eu un impact sur les premières
aventures de Tintin :
« On retrouve son influence au début des Soviets, quand mes dessins partent d'une décorative, une ligne en S,
par exemple (et le personnage n'a qu'à se débrouiller pour s'articuler autour de ce S !). »
Hergé reconnaîtra aussi sans honte avoir volé l'idée des « gros nez » à l'auteur de bandes dessinées américain
George McManus :
« Ils étaient si drôles que je les ai utilisés sans scrupules ! »
Au cours des nombreuses recherches qu'il a menées pour Le Lotus bleu, Hergé a également été influencé par le dessin
chinois et japonais, et par les estampes.
Cette influence est particulièrement visible dans les paysages marins d'Hergé, qui rappellent les œuvres de Hokusai
et Hiroshige.
Hergé a aussi reconnu que Mark Twain l'avait influencé, même si son admiration l'a conduit à se tromper en montrant
des Incas ne sachant pas ce qu'était une éclipse solaire, lorsque ce phénomène a lieu dans Le Temple du Soleil.
T. F. Mills a rapproché cette erreur de celle de Mark Twain décrivant des « Incas craignant la fin du monde dans
Un Yankee à la cour du roi Arthur ».
Critiques contre la série
Certains critiquent les premières Aventures de Tintin, considérant que celles-ci contiennent de la violence,
de la cruauté envers les animaux, des préjugés colonialistes et même racistes, présents entre autres dans
la description qui y est faite des non-Européens.
Néanmoins, beaucoup considèrent ces critiques comme étant totalement anachroniques.
Tintin paraît à l'origine dans le journal Le Petit Vingtième.
Même si la Fondation Hergé met ces éléments sur le compte de la naïveté de l'auteur et que certains chercheurs
comme Harry Thompson prétendent que « Hergé faisait ce que lui disait l'abbé Wallez (le directeur du journal) »,
Hergé lui-même sent bien que, vu ses origines sociales, il ne peut échapper aux préjugés :
« Pour Tintin au Congo, tout comme pour Tintin au pays des Soviets, j'étais nourri des préjugés du milieu bourgeois
dans lequel je vivais. […] Si j'avais à les refaire, je les referais tout autrement, c'est sûr. »
Dans Tintin au pays des Soviets, les bolcheviques sont dépeints comme des personnages maléfiques.
Hergé s'inspire du livre de Joseph Douillet, ancien consul de Belgique en Russie, Moscou sans voile,
qui est extrêmement critique envers le régime soviétique.
Il remet cela dans le contexte en affirmant que, pour la Belgique de l'époque, nation pieuse et catholique,
« tout ce qui était bolchevique était athée ».
Dans l'album, les chefs bolcheviques ne sont motivés que par leurs désirs personnels, et Tintin découvre, enterré,
le « trésor caché de Lénine et Trotsky ».
Hergé a plus tard attribué les défauts de ce premier album à « une erreur de jeunesse ».
Mais aujourd'hui, avec la découverte des archives soviétiques, sa représentation de l'URSS, bien que caricaturale,
possède quelques éléments de vérité.
En 1999, le journal The Economist, de tendance libérale, écrira que « rétrospectivement, la terre accablée par
la faim et la tyrannie dépeinte par Hergé était malgré tout étrangement exacte ».
Le couple royal en visite au Congo belge en 1928.
On reproche à Tintin au Congo de représenter les Africains comme des êtres naïfs et primitifs.
Dans la première édition de l'album, on voit Tintin devant un tableau noir, donnant la leçon à des enfants africains.
« Mes cher amis, dit-il, je vais vous parler aujourd'hui de votre Patrie :
la Belgique. »
En 1946, Hergé redessine l'album et transforme cette leçon en un cours de mathématiques.
Il s'est par la suite expliqué sur les maladresses du scénario original :
« Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l'époque :
« Les Nègres sont de grands enfants… Heureusement pour eux que nous sommes là ! », etc.
Et je les ai dessinés, ces Africains, d'après ces critères-là, dans le plus pur esprit paternaliste qui était celui
de l'époque en Belgique. »
L'auteur Sue Buswell résume en 1988, dans le journal britannique Mail on Sunday, les problèmes posés par cet album,
en soulignant deux éléments :
« Les lèvres molles et les tas d'animaux morts [NDT : en référence à la manière dont sont dessinés les Africains
dans l'album, et aux animaux qui y sont tués par Tintin]. »
Néanmoins, Thompson pense que cette citation est mise « hors de son contexte ».
L'expression « animaux morts » est une allusion à la chasse au gros gibier, très en vogue à l'époque de la
première édition de Tintin au Congo.
En transposant une scène de chasse du livre d'André Maurois Les Silences du colonel Bramble (1918),
Hergé présente Tintin comme un chasseur de gros gibier, abattant quinze antilopes, alors qu'une seule serait nécessaire
pour le dîner.
Ce nombre important d'animaux tués conduit l'éditeur danois des Aventures de Tintin à demander quelques modifications
à Hergé. Ainsi, une planche où Tintin tue un rhinocéros en perçant un trou dans le dos de l'animal et en y
insérant un bâton de dynamite est jugée excessive.
Hergé la remplace par une autre planche montrant le rhinocéros accidentellement touché par une balle du
fusil de Tintin, alors que ce chasseur d'une autre époque est embusqué derrière un arbre.
En 2007, un organisme britannique, la Commission pour l'égalité raciale, demande, à la suite d'une plainte,
que l'album soit retiré des rayonnages des librairies, en affirmant :
« Cela dépasse l'entendement qu'à notre époque, un vendeur de livres puisse trouver acceptable de vendre ou faire
la promotion de Tintin au Congo .»
Le 23 juillet 2007, une plainte est déposée par un étudiant de République Démocratique du Congo à Bruxelles,
celui-ci estimant que l'ouvrage constitue une insulte envers son peuple.
En réaction, une institution belge, le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme,
met en garde contre « une attitude hyper-politiquement correcte » dans ce dossier.
Le 5 décembre 2012 la cour d'appel de Bruxelles rend son jugement :
elle considère que l'album ne contient pas de propos racistes et que « Hergé s'est borné à réaliser une œuvre
de fiction dans le seul but de divertir ses lecteurs.
Il y pratique un humour candide et gentil », confirmant ainsi le jugement de première instance de 2011.
Plusieurs des premiers albums de Tintin ont été remaniés pour être réédités, le plus souvent à la demande
des maisons d'édition.
Par exemple, à la demande des éditeurs américains des Aventures de Tintin, la plupart des personnages noirs de
Tintin en Amérique ont été recoloriés pour devenir blancs ou d'origine indéterminée.
Dans L'Étoile mystérieuse, on trouvait à l'origine un « méchant » américain nommé Monsieur Blumenstein
(un patronyme juif), ce qui était tendancieux, d'autant plus que le personnage avait un faciès correspondant
exactement aux caricatures de Juifs.
Hergé attribue par la suite à son personnage un nom jugé moins connoté – Bohlwinkel – et le fait habiter
dans un pays sud-américain imaginaire, le São Rico.
Hergé a découvert bien plus tard que Bohlwinkel était également un nom juif.
Propriété intellectuelle et critiques
La société Moulinsart SA est chargée de la gestion et de la perception des droits des œuvres d'Hergé depuis 1987.
Fondée par sa femme en qualité de légataire universelle, cette société est actuellement dirigée par Nick Rodwell,
qui en est le gestionnaire délégué.
Très regardante sur la gestion des droits moraux et sur leur perception financière, la société provoque régulièrement
la controverse en interdisant toute utilisation d'une image de Tintin sans son autorisation formelle.
Ainsi, à l'heure d'internet, toute forme de parodie, détournement ou réutilisation est fortement combattue
par la société Moulinsart SA.
De même, le fait de poster une simple bulle d'une BD de Tintin est réprimandé selon les lois des différents pays.
Cette attitude inquiète certains passionnés de culture et de BD franco-belges qui se demandent comment ils vont pouvoir
faire en sorte que Tintin reste dans le patrimoine culturel francophone si la diffusion de son image est
aussi fortement restreinte dans les médias modernes.
Cependant, une décision rendue par la Cour de La Haye au début de l'année 2015 a esquissé un changement.
La justice néerlandaise a donné raison à l'association Hergé Genootschap, qui s'était vu réclamer plusieurs
dizaines de milliers d'euros par Moulinsart SA pour l'utilisation de vignettes originales dans ses publications,
après y avoir longtemps été autorisée.
En effet, la Cour a retenu que la légataire universelle d'Hergé, Fanny Rodwell, n'avait jamais remis en cause
un contrat de 1942 stipulant explicitement la cession de l'intégralité des droits sur les textes et vignettes des albums
d'Hergé à Casterman.
Ce verdict a été perçu comme pouvant instaurer un précédent dans la jurisprudence, ouvrant ainsi la porte à des
réparations éventuelles de Moulinsart SA envers les associations ayant dû verser des sommes d'argent pour l'utilisation
d'une ou plusieurs vignettes de Tintin.
Moulinsart SA a contesté ce jugement.
L'œuvre d'Hergé entrera dans le domaine public le 1er janvier 2054.
Mais Moulinsart SA, qui perdrait ainsi de substantielles sources de revenus, envisage d'en empêcher l'utilisation
et la publication par tous en publiant une nouveauté Tintin en 2052.
Cette opération ferait face à des limites juridiques et à un certain problème moral.
Texte © Wikipédia
Jo,Zette & Jocko
Introduction
Jo, Zette et Jocko est une série de bande dessinée jeunesse réalisée par Hergé.
Elle a été créée en 1936 pour le journal Cœurs vaillants.
La première planche de Le Rayon du mystère ou Les Aventures de Jo, Zette et Jocko paraît dans le no 3 de
Cœurs vaillants du 19 janvier 1936.
La série a ensuite été publiée dans Le Petit Vingtième à partir d'octobre 1936.
Protagonistes
Il s'agit d'un frère et d'une sœur, Jo et Zette, cette dernière âgée de onze ans
(Jo devant donc avoir une douzaine d'années - à moins d'être son frère jumeau1) et de leur singe Jocko.
Ils vivent en famille avec leur mère et leur père, l'ingénieur Jacques Legrand.
Jo est toujours3 habillé avec un polo rouge et une culotte courte noire (de coupe Bermuda), et Zette avec
une robe courte bleue à bretelles, sur une « blouse » blanche.
Ses cheveux noirs, séparés par une raie au milieu, sont noués de chaque côté par un ruban rouge
(formant nœuds, façon fleur d'hibiscus).
Jocko est un chimpanzé apprivoisé, qui les accompagne librement.
Très intelligent, il lui arrive de soliloquer
comme Milou, mais il ne parle pas aux humains.
Le père des deux enfants est ingénieur, sans doute généraliste, car ses compétences sont multiples.
Dans Le Rayon du mystère il est simplement « ingénieur ».
Mais dans les versions album du diptyque Le « Manitoba » ne répond plus
- L'Éruption du Karamako et dans Le Stratonef H.22, il est ingénieur aéronautique et employé à la S.A.C.A.
(Société Anonyme de Construction Aéronautique); en fait la SABCA à Haren juste à côté du premier aérodrome de
Bruxelles (Haren-Evere).
Sa réalisation la plus notable dans ce domaine est l'avion stratosphérique Stratonef H.22, un monomoteur
- un motopropulseur à explosions et compresseurs - à hélice.
La forme de cet appareil est probablement inspirée du Caudron C.460 Rafale, ou peut-être du Gee Bee R-1 d'un aspect
similaire, mais plus ventru ; mais des avions de la SABCA à Haren ou de la firme Renard à Evere sont aussi très proches.
Dans La Vallée des cobras, M. Legrand est ingénieur du génie civil puisque dans son chalet de Vargèse,
il travaille à la réalisation d'un pont suspendu et qu'il est engagé pour en construire un autre au Gopal.
Cependant ses connaissances scientifiques ou techniques ne sont pas ses seuls atouts pour l'aider à sortir
ses enfants (et leur singe) des mauvais pas dans lesquels ils se trouvent.
Ces histoires mêlent de l'aventure, de l'espionnage et de la science-fiction.
Analyse
La particularité des aventures de Jo et Zette Legrand réside dans le fait qu'il s'agit d'une action se situant
dans le cadre d'une vraie famille avec des personnages ayant un prénom et un nom.
On est donc, de ce point de vue, loin de Tintin (du même auteur) qui, lui, n'a pas de parents connus.
La présence d'une famille conforme à un modèle chrétien était souhaitée par l'abbé Gaston Courtois,
directeur du journal Cœurs vaillants.
Ces deux enfants ne sont cependant jamais présentés dans un cadre scolaire.
Les longues absences de leur domicile, même à Vargèse ou au Gopal, ne semblent pas avoir d'incidence sur leur scolarité.
La continuité de cette dernière est peut-être assurée (au foyer) par leur maman.
Hergé a déploré avec humour la contrainte narratologique que lui infligeait parfois la représentation
de l'inquiétude impuissante des parents Legrand pendant les aventures de leurs enfants.
On trouve dans ces aventures l'expression de sentiments affectifs dans la fratrie et un rôle classique dévolu
aux personnages du père et de la mère.
De même y trouve-t-on l'archétype des attitudes masculines et féminines, tant chez les enfants que chez leurs parents.
Là encore, à la différence des aventures de Tintin, qui évolue dans un monde quasiment sans femmes.
Si les enfants vivent des aventures peu ordinaires et parfois loin de leurs parents, ils restent néanmoins dépendants
de l'intervention d'adultes pour les sauver.
Ils ne possèdent pas de pouvoirs particuliers, mais usent de leur seule intelligence et de leur grande volonté
pour se sortir de mauvais pas. Ceci fait d'eux des personnages très réalistes et proches de leurs lecteurs.
La série comporte cinq tomes :
Le Stratonef H. 22, pré-publié de 1938 à 1939
•=> Le Testament de M. Pump, 1951, (ISBN 2-203-31101-0)
Destination New-York, 1951, (ISBN 2-203-31102-9)
Les neveux d'un milliardaire dépossédés par leur oncle de leur héritage immédiat tentent, pour en bénéficier
tout de même, de faire échouer un raid aéronautique « Paris-New York ».
Le concepteur de l'appareil qu'ils cherchent à saboter est le père des jeunes héros ; lesquels, à ses commandes,
vont finalement accomplir (un peu malgré eux) cet exploit.
Le Rayon du mystère, pré-publié de 1936 à 1938
•=>Le Manitoba ne répond plus, 1952, (ISBN 2-203-31103-7)
•=>L'Éruption du Karamako, 1952, (ISBN 2-203-31104-5)
Un savant utilise ses inventions pour pirater les navires en haute mer.
Jo et Zette vont en être faits prisonniers et tenteront de s'évader de son repaire sous-marin.
La Vallée des cobras, 1956, (ISBN 2-203-31105-3)
Parents et enfants se retrouvent en Inde pour construire un pont à la demande du maharadjah de Gopal,
rencontré dans une station de ski savoyarde.
Cette réalisation ne plaît pas à tout le monde localement
(notamment au chef du gouvernement régional et à un fakir hindou), et le chantier en est menacé.
On peut noter que dans les Aventures de Tintin et Milou, Bianca Castafiore cite plusieurs fois le Maharadjah de Gopal
comme une de ses connaissances.
Le Thermozéro (inachevé)
Au cours des années 1960, Hergé chargea Bob de Moor d'adapter le scénario de Tintin et le Thermozéro en une aventure
de Jo, Zette et Jocko.
Bob de Moor dut abandonner cette adaptation avant terme pour se consacrer à la modernisation de L'Île Noire.
Perception
Au sujet de cette série, il est quelquefois évoqué un relatif échec.
En comparaison du succès de Tintin, c'est sans doute exact — il faut toutefois prendre en compte que la popularité
du petit reporter est hors-norme.
Au-delà des comparaisons intempestives, les albums de Jo et Zette connaissent une carrière de plus de soixante ans
et sont régulièrement réédités.
En 2003, les albums en français cumulaient un total de ventes de trois millions d'exemplaires.
Texte © Wikipédia
Quick & Flupke
Introduction
Quick et Flupke est une série d'albums de bande dessinée jeunesse belge créée par Hergé.
Les séries sont publiées dans les pages du journal Le Petit Vingtième à partir du 20 janvier 1930.
Les deux héros sont des enfants des rues de Bruxelles, et sont nommés Quick et Flupke
(diminutifs pour, respectivement, Patrick et Philippe en brabançon).
Les deux garçons causent de sérieux problèmes par accident, ce qui leur amène des ennuis avec leurs parents
et la police, en particulier l'agent 15 (bien qu'il soit occasionnellement leur complice).
Ils aiment fabriquer toutes sortes d'engins aussi inutiles que dangereux comme des avions à roulettes ou des planeurs.
Historique
Le premier gag apparaît dans le Petit Vingtième du 23 janvier 1930, avec un personnage nommé originellement Sus.
Flupke, apparaît à partir du troisième gag, et Sus est alors renommé Quick.
Les années 1930 à 1935 sont la période la plus fructueuse de la série, avec la création de 277 gags.
Les six années suivantes, seuls 32 gags sont publiés.
De 1930 à 1941, la série est regroupée en 5 albums en noir et blanc.
Après la Seconde Guerre mondiale, les planches sont regroupées par séries.
Les deux premières sont éditées en janvier 1949, la onzième et dernière série en janvier 1969
(certaines planches seront partiellement redessinées par Hergé afin de les moderniser).
Six recueils de 58 planches en format 19 × 22,5 cm des mêmes histoires sont ensuite tirés
sous le nom Les Exploits de Quick et Flupke de 1975 à 1982.
En 1978, les planches sont également rééditées dans le tome 2 de la série Archives Hergé.
Puis une nouvelle réédition est faite sous la forme de douze albums tirés de 1985 à 1991 ;
les recueils de gags ne suivent pas l'ordre chronologique de leur création.
Le premier volume n'est pas d'Hergé mais est réalisé après sa mort par Johan De Moor.
Les deux tomes suivants sont des adaptations, par Johan De Moor et les Studios Hergé, de gags d'Hergé qui n'ont jamais
été adaptés en couleurs (mais pas pour toutes les planches, seulement 50 % sont inédites dans le tome 2 par exemple,
le reste étant disponible dans les 11 tomes originaux ou dans les 6 volumes doubles, souvent avec des couleurs différentes).
Autres apparitions
L'Agent 15 ressemble grandement (volontairement ?) aux Dupond et Dupont de la série Les Aventures de Tintin.
Quick et Flupke apparaissent parmi les personnages présents sur le quai de la gare au début du deuxième album,
Tintin au Congo, dès le premier dessin.
Hergé les dessine encore, courant devant les Dupondt, parmi la foule venue assister au départ de l'Aurore
dans l'album de Tintin, L'Étoile mystérieuse.
Sur la 4e de couverture de la collection grand format des albums de Tintin, ils sont sous l'affiche présentant
les titres des albums, alors qu'ils se préparent à faire éclater la bouteille de whisky du Capitaine Haddock
à l'aide d'un lance-pierre.
Les gags de Quick et Flupke sont adaptés à la télévision en une série animée de très courts épisodes par
Johan De Moor en 1981.
Les deux gamins qui retrouvent le chapeau du professeur Tournesol dans l'album de Tintin Les Sept Boules de cristal
leur ressemblent énormément.
Adaptation en animation
Une série d'animation Quick et Flupke, coproduite par la RTBF, Casterman et le ministère de la Communauté française
de Belgique, a été créée de 1984 à 1986.
Elle est composée de 260 épisodes d'une minute réalisés par l'Atelier Graphoui et Johan De Moor.
La série est parue en partie sur trois DVD en 2000 (Coups de bluff, Tout va bien, Jeux interdits).
Texte © Wikipédia
Totor
Introduction
Les Aventures de Totor, C. P. des Hannetons est une bande dessinée créée par Hergé pour le journal Le Boy-scout belge,
en 1926.
Totor, C. P. (chef de patrouille) des Hannetons, en est le héros, chef scout très débrouillard.
Dessiné par Hergé à ses débuts, ce personnage est graphiquement très approximatif, et Hergé ne l'utilise pas très longtemps,
le remplaçant bientôt par Tintin.
Totor est ainsi considéré comme l'ancêtre de ce dernier, à la fois graphiquement
(les traits physiques de Tintin semblent avoir été définis à partir de ceux de Totor),
et historiquement (alors que le personnage de Totor était sans avenir, ce qu'Hergé comprit assez rapidement,
Tintin a lui eu beaucoup plus de succès et il constituait un potentiel créatif plus important).
Résumé
Totor quitte Anvers pour rendre visite à son oncle et sa tante, Pad Hatt et Save Hatt, installés au Texas, aux États-Unis.
À bord du navire liant l'Europe et l'Amérique, il est jeté par-dessus bord par une baleine, avant que l'animal
ne le dépose brutalement sur un sous-marin américain.
Celui-ci l'emmène à New York, où Totor est impressionné par les gratte-ciels spectaculaires.
Renversé par accident par une voiture, le choc le projette contre un étranger de passage qui se révèle être un criminel
du nom de John Blood.
Totor reçoit une récompense de 5000 $ pour avoir mis le gangster hors d'état de nuire.
Il prend un train jusqu'au ranch de son oncle à Rolmopcity.
Son oncle l'accueille à la gare, mais sur le chemin les menant au ranch, ils sont capturés par des Peaux-Rouges.
Totor parvient à détourner l'attention des Indiens, permettant à lui et son oncle de s'échapper.
Quelques heures plus tard cependant, la même tribu kidnappe Totor au ranch pour se venger.
Attaché à un poteau de torture, Totor est la cible des couteaux, haches et flèches des Indiens.
Heureusement, l'une des flèches coupe les cordes qui le retiennent et alors que le chef s'apprête à scalper l'infortuné
Totor, ce dernier frappe de ses pieds le ventre du Sachem et plonge dans une rivière proche, feignant la noyade.
Sous l'eau, il trouve un vieux coffre rempli de bijoux, et les enterre à la base d'un rocher.
Un trappeur dans un canoë apparaît alors et emmène Totor jusqu'à Rolmopcity.
Quittant le trappeur, Totor revient au ranch qu'il trouve désert.
Tandis qu'il explore l'endroit, une main le tire à travers une porte, et une bagarre acharnée s'ensuit dans un noir d'encre.
Bientôt Totor se débarrasse de ses trois ravisseurs.
Il découvre son oncle attaché à une chaise, qui explique à son neveu que les bandits ont enlevé sa tante.
Totor a soudain l'idée d'utiliser le trésor qu'il a trouvé dans la rivière comme rançon de sa tante.
Totor et son oncle se mettent en chemin, mais un criminel leur vole leur carte pendant leur sommeil.
Constatant plus tard la disparition des bijoux, ils suivent les empreintes reconnaissables du voleur pendant plusieurs
kilomètres.
Quand ils voient une autre série d'empreintes rejoindre les premières et aller vers les montagnes,
Totor poursuit le chemin seul.
Ayant échappé à plusieurs sentinelles indiennes, il espionne le Chef et, miraculeusement, récupère les bijoux.
Semant les Peaux Rouges, il retrouve son oncle et le binôme revient au ranch où ils trouvent une demande de rançon.
Le chef des bandits, Jim Blackcat, leur donne rendez-vous sous un grand sapin dans la journée,
ou il tuera la tante de Totor.
Totor se précipite au rendez-vous où il ne fait qu'une bouchée des méchants et leur ordonne de lui dire où ils gardent
sa tante.
Après un sauvetage héroïque et des retrouvailles émouvantes entre sa tante et son oncle, Totor réalise qu'il est temps
pour lui de revenir en Belgique.
De retour au pays, il raconte ses aventures à son entourage, et aspire à en vivre d'autres à l'avenir.
Analyse
D'après Tangi Villerbu, Hergé est profondément influencé par le cinéma, notamment Buster Keaton,
auteur de Go West (1925), qui dépeint un western burlesque.
Hergé présente Totor comme un film de cinéma, ce que cette bande dessinée n'est pas.
Hergé, qui a mené des activités de scout, était fasciné par l'imagerie indienne, modèle de contact avec la nature ;
il est logique qu'il ait mis en scène la rencontre entre son héros Totor et une tribu d'Amérindiens.
Texte © Wikipédia
Popol
Introduction
Popol et Virginie au pays des Lapinos est une bande dessinée du Belge Hergé.
Publiée en 1934 dans l'hebdomadaire Le Petit Vingtième sous le titre Les Aventures de Popol et Virginie au Far West,
elle a été remaniée et colorisée quatorze ans plus tard pour Tintin avant de connaître
une première édition en album en 1952.
Cette bande dessinée animalière d'aventure met en scène deux oursons anthropomorphes,
le chapelier Popol et sa compagne Virginie, qui s'expatrient au Far West pour trouver une vie meilleure.
Histoire de publication
Une première mouture de cette histoire est publiée sous le titre Tim l'écureuil au Far West dans un petit journal de
quatre pages distribué à l'automne 1931 dans le grand magasin bruxellois L'Innovation.
Deux ans plus tard, Les Aventures de Tom et Millie sont publiées dans Pim et Pom, encart jeunesse de Pim
- Vie heureuse, le supplément hebdomadaire du journal belge La Meuse.
Hergé s'inspire de ces récits antérieur lorsqu'il livre Les Aventures de Popol et Virginie au Far West,
récit publié de févier à août 1934 dans Le Petit Vingtième, l'hebdomadaire qui publiait Tintin.
L'histoire, remaniée et colorisée, est reprise sous le titre Popol et Virginie au pays des Lapinos dans l'hebdomadaire
Le Journal de Tintin en 1948, mais seules les 27 premières planches paraissent.
L'intégralité de cette version est ensuite recueillie en album en 1952 par Casterman.
Texte © Wikipédia
Flup, Nénesse,...
Introduction
L'Extraordinaire aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet est une bande dessinée parue dans Le Petit Vingtième,
numéros 1 à 10, en 1928-1929.
Ses auteurs en sont Hergé, dont c'est la deuxième œuvre, pour les dessins, et Smettini
(dont le vrai nom était en réalité Desmedt) pour le scénario.
Histoire
Flup et Nénesse sont deux gamins des rues qui ont l'habitude de se battre.
Poussette est la petite sœur de Nénesse et possède un cochon gonflable qu'elle a nommé Cochonnet.
Ne supportant pas de voir son frère sans cesse mêlé à des bagarres, ce dernier accepte de faire la paix avec Flup.
Pour les récompenser, le père de Flup décide de leur construire un très grand cerf-volant.
Lorsque les enfants ont enfin l'occasion de tester leur cadeau, celui-ci s'accroche à l'avion Belgique en avant à
destination du Congo, et ils s'envolent avec lui ! Les aviateurs sont obligés de les abandonner à des nègres,
qui ont en tête l'idée de les manger.
Juste avant de les faire cuire, les anthropophages remarquent Cochonnet et excluent de manger les enfants,
semblant vouer une sorte d'idolâtrie au cochon.
Au bout de quelques jours, les enfants rencontrent un missionnaire venu évangéliser les habitants de ce village,
qui apprend leur histoire et les aide à rentrer chez eux. Sur le chemin, ils trouvent une pierre précieuse qui pourront
les mettre à l'abri du besoin durant de longues années.
Analyse
Il s'agit de la seconde œuvre d'Hergé, alors que la publication de Totor, C. P. des Hannetons dans Le Boy-Scout belge
n'est pas encore terminée.
Cette bande dessinée a été créée pour les dix premiers numéros du Petit Vingtième, un supplément pour la jeunesse
du Vingtième Siècle, et sans doute dans l'urgence, vu que le scénariste est... un rédacteur sportif du journal !
Non seulement le scénario de Smettini est véritablement de l'amateurisme, mais en plus le manque d'envie et d'expérience
d'Hergé rejaillit sur les graphismes de cette bande dessinée.
Voici l'avis de Benoît Peeters sur cette œuvre :
« L'Extraordinaire aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet n'avait en réalité rien que de très banal.
Le texte [...] était d'une niaiserie absolue et le scénario, racontant la grotesque odyssée de trois enfants
et de leur cochon gonflable (!) au milieu des négrillons, était d'une désespérante platitude.
Quant aux dessins d'Hergé, du reste non signés, ils étaient aussi maladroits que visiblement bâclés. »
Il continue en disant que selon lui, c'est par désintérêt pour son histoire, et non par manque de talent,
que Hergé aurait ainsi totalement bâclé la bande dessinée, et que c'est pour éviter que cela ne se reproduise
qu'il a créé, dès le numéro suivant, la série qui va le rendre célèbre : Les Aventures de Tintin.
Texte © Wikipédia
Vidéos
Bibliographies
Références
Tintin à Bruxelles [archive] Bruxelles Internationale.
Opstal, H. van (1994) Essay RG. Het fenomeen Hergé, pp.
Goddin, Philippe (2008) Hergé. Levenslijnen,
Goddin 2007,
Peeters 1990,
H. Springael, Avant Tintin, dialogue sur Hergé, éd. Springael, 1987.
Tisseron 1985.
Tisseron 1990.
Assouline 1996,
H. Springael, État civil hergéen [archive].
Extrait de documentaire. N. Sadoul, Tintin et moi, Production Angel, 2003.
Peeters 1983,
B. Peeters, Hergé. Les débuts d'un illustrateur (1922-1932), Tournai, Casterman, 1987,
Le Monde de Tintin [archive]
(en) La fresque du collège Saint-Boniface (article du Times) [archive]
Cette petite série pour la rubrique Carnet du Vieux Scout est considérée comme le premier strip d'Hergé. Représentation du strip sur www.bellier.org [archive]
Objectif Tintin, L'abbé Wallez [archive]
Hergé biographie [archive]
France Inter [archive]
http://www.objectiftintin.com/whatsnew_tintin_1102.lasso [archive] Objectif Tintin, L'abbé Wallez
Volker Hamann, Hergé, Eine Illustrierte Bibliographie, éd. Alfons, Barmstedt, 2007.
Hergé & the clear line : part 1 [archive], Paul Gravett.
« Une histoire de famille » [archive], Tintin
« La Ligne Éclair, les 80 ans de Tintin » [archive], Cultural club.
Petit Vingtième no 39 du 1er août 1929 : [1] [archive].
« Chronologie » [archive], Bellier.
Interview d'Alain Saint-Ogan « Hergé : repères chronologiques » (sur l'Internet Archive).
P. Baise « Hergé, Degrelle et la Belgitude », revue en ligne Toudi. [archive]
Édith Allaert et Jacques Bertin, Hergé, Correspondance, éd. Ducolot, 1989.
Jean Rolin, « Où est passée la Syldavie », Géo hors-série, 2000.
« Une galerie de portraits tout à fait ressemblants », Géo hors-série, 2000. S. Tisseron (1985), op. cit.
Biographie de Raymond de Becker dans Objectif Tintin [archive]
Pol Vandromme, Le Monde de Tintin, Paris, Gallimard, 1959.
Tintin around the world [archive]
Jean-Michel Coblence et Tchang Yifei, Tchang! :
Comment l'amitié déplaça les montagnes, Editions Moulinsart, 1er décembre 2003. (ISBN 9782930284958, lire en ligne [archive]).
« Hergé raconté par ceux qui l'ont aimé » [archive], sur La Dernière Heure, 3 mars 2008 (consulté le 24 octobre 2016).
http://www.tintin.free.fr/biographie/?choix=succes [archive]
Hergé mort du Sida, Le Figaro, 22-05-2007 [archive]
Site officiel du Musée d'Hergé. [archive]
La Trilogie Tintin dévoilée, Le Figaro, janvier 2009. [archive]
Interview à la R.T.B.
Alain Lorfèvre, « L’éternelle affaire Hergé », La Libre, 26 juillet 2007 (lire en ligne [archive])
Pierre Béguin, « Hergé antisémite ? », La Tribune de Genève, 25 novembre 2007 (lire en ligne [archive]).
Jean-Jacques Mandel, « L'Afrique sans rancune », Géo-hors série, 2000.
« Tintin au Congo jugé raciste par un organisme britannique », Revue en ligne Afrik.com. [archive]
Denis Tillinac, La morale d'Hergé [archive], Valeurs actuelles, le 9 septembre 2009.
« Tintin inspiré par Benjamin Rabier » [archive], sur L'Instant Secret (consulté le 23 avril 2020)
« Hergé et la ligne claire » (vidéo).
Maîtres de la BD sur le site de la BNF. [archive]
Ressources relatives à la bande dessinée : BD Gest' [archive](en + nl) Lambiek Comiclopedia [archive]
L'Œuvre et la vie d'Hergé : essai de bibliographie sélective - L'Actualité d'Hergé [archive]
Témoignage radiophonique, entretien enregistré en 1979 du célèbre dessinateur Hergé avec Michèle Cédric sur la RTB,
[archive]
Texte © Wikipédia