Histoire Générale de la BD

de la BD des Auteurs

La BD en France

Le Charivari Nous avons vu l’émergence d’une première diversification en direction du lectorat adulte avec la création d'une presse humoristique telle que, en France :
La Caricature (1830),
Le Charivari (1832),
Le Journal pour rire (1848),
Le Chat noir (1882),
Le Rire (1894)

ou, à l'étranger :
Punch (1841),
Judy (1867),
et aussi Funny Folks (1874)
ou Humoristisch Album .
Parallèlement à cette presse satirique se répand aussi la publication de feuilletons en fascicules bon marché souvent illustrés et de romans populaires, la littérature dite « de gare » sous la poussée de l’éditeur Hachette.
Puisqu’à la suite de Rodolphe Töpffer la littérature peut être en estampe, ses successeurs ayant expérimenté ce nouveau mode d’expression avec des succès divers, il ne manquait plus que des Maisons d'édition en fassent un média populaire (un moyen de communication) avant que les auteurs ne l’élèvent au statut de medium (l’objet en lui-même).

Les périodiques illustrés

La France est à l’origine d’une presse spécialisée à l’attention d’une clientèle spécifique, les journaux illustrés pour la jeunesse et dans un premier temps de la jeunesse bourgeoise.
Dès 1881, l'éditeur Louis Hachette fait paraître Mon Journal dans lequel Christophe livre ses premières illustrations en 1887.
Tous les éditeurs veulent leur revue illustrée :
en 1889 l’éditeur Armand Colin publie Le Journal de la jeunesse avec une première histoire en images de Christophe Une partie de campagne.
En 1898 Taillandier fait paraître L’Illustré national et en 1904 Jeudi Jeunesse.
Fayard en 1903 propose Jeunesse illustré où collabore Benjamin Rabier. Restées très marquée par la production des images d'Épinal, ces périodiques illustrés pour la jeunesse comportent essentiellement des gaufriers mais Rabier, entre autres, propose des découpages novateurs.
Le Petit Français illustré, le journal des écoliers et des écolières vers 1900. Au milieu de cette production il faut remarquer, en 1889, dans Le Petit Français illustré, le journal des écoliers et des écolières sous le crayon de Christophe La Famille Cornouillet, un roman illustré mais qui annonce la même année la visite de l’Exposition universelle par La Famille Fenouillard, une histoire en images qui paraît jusqu’en 1893 date à laquelle les éditions Armand Collin publient l’histoire en album.
Christophe sait jouer avec le cadre, ainsi dans la page du « Premier départ », il n’hésite pas à ne montrer qu’une partie de la scène. Monsieur Fenouillard monté sur une chaise inspecte le tableau des départs de train, mais l’habitude du « gaufrier » ne permet pas de cadrer la scène en hauteur.
Christophe dessine le haut de la scène dans la case suivante avec comme récitatif « Les dimensions du dessin précédent nous ayant forcé de couper en deux Monsieur Fenouillard, cette figure est simplement destinée à montrer la suite de l’excellent négociant aux personnes d’une intelligence bornée et d’une imagination faible.»
Christophe est bien le prédécesseur de Fred et Gotlib.
Fascicule des Pieds nickelés de Louis Forton. Christophe, de son vrai nom Georges Colomb (il ne dédaignait pas les jeux de mots et les calembours), qui se réclamait de l’influence de Töpffer, avait su faire la synthèse des innovations de ses prédécesseurs.
Il enchaîne les images les unes aux autres comme Töpffer, il utilise le gros plan initié par Busch et il sait faire durer une histoire comme le meilleur feuilletoniste. Pour satisfaire son double public d’adulte et d’enfant, il développe ses histoires sur un double niveau de lecture en utilisant les doubles sens.
Et le succès appelant le succès,
La Famille Fenouillard sera suivie
de 1890 à 1896 par Les facéties du Sapeur Camember qui n'arrive pas faire disparaître la terre d'un trou dans un autre trou,
de 1893 à 1899 par Vie et mésaventures du Savant Cosinus et sa merveilleuse invention l'Anémélectroreculpédalicoupeventombrosoparacloucycle et
de 1893 à 1904 par Les Malices de Plick et Plock.
Il commence en 1899 Haut et Puissant Seigneur, baron de Cramoisy qu’il laisse inachevée pour remplir des fonctions académiques.
Toutes ses histoires en images sont publiées en album dans un format à l’italienne par Armand Collin à partir de 1903.
Christophe est considéré par les spécialistes de la bande dessinée comme l'initiateur du genre en France, mais surtout celui qui fait du périodique le support privilégié de la bande dessinée et non l’album, même si celui-ci continue d’exister.
Mais celui qui initie en 1905 une nouvelle façon d’éditer la bande dessinée est l’éditeur Gautier-Langereau avec la Semaine de Suzette.
Periodique la Semaine de Suzette. C’est le premier périodique illustré spécialisé à l’attention de la jeunesse et plus précisément des jeunes filles de bonne famille. C’est dans ce journal que paraît dans le no 1 du 2 février 1905 Bécassine dessinée par Joseph Pinchon sur une histoire (on ne dit pas encore scénario) de Caumery qui n’est autre que Maurice Languereau le neveu de l’éditeur.
La légende veut que ce serait la rédactrice du journal qui ait demandé au dernier moment, pour remplir sa pagination, une histoire en image à la mode de Monsieur Christophe. Ces deux auteurs feront vivre 110 aventures à Annaïck Labornez originaire de Clocher-les-Bécasses. Le premier album paraît en 1913, suivi de 26 autres jusqu’en 1939.

Les « illustrés »

Les cinq frères Offenstadt (Charles, Edmond, Georges, Maurice et Nathan) s’associent pour créer une maison d’édition.
Leurs premières productions, destinées à un lectorat adulte, sont plutôt grivoises à l’image du Tombeau des vierges.
Après divers essais, ils décident a contrario du courant du moment de viser une clientèle populaire et non bourgeoise.
Ils lancent d’abord en 1902 L’Illustré, un périodique appelé à un grand succès vingt ans plus tard sous le nom du Petit illustré.
Puis en 1908, ils éditent L’Épatant et en 1909 Fillette pour concurrencer la Semaine de Suzette.
Rebaptisant leur maison d’édition la SPE – Société parisienne d'édition – ils continuent sur leur lancée avec en 1910 L'Intrépide et en 1911 Cri-Cri, sans oublier en 1909 une clientèle spécifique les militaires avec La Vie de garnison. En dix ans les frères Offenstadt sont devenus les premiers éditeurs de périodiques pour la jeunesse populaire. Devant cette avalanche de titres seuls quelques éditeurs « bien pensants », se lancent dans l’aventure. En 1906, La Bonne Presse lance L’Écho de Noël et Le Petit Parisien édite Nos loisirs ; en 1910 c’est la parution de Ma récréation, tous ces périodiques visant une clientèle bourgeoise, à la différence de la SPE. Fascicule des Pieds nickelés de Louis Forton. À Bécassine, petite bonne bretonne aux services de la marquise de Grand’Air pour la jeunesse bourgeoise, les frères Offenstadt vont, dans L’Épatant, opposer Les Pieds Nickelés de Louis Forton pour la clientèle populaire. Le succès de Croquignol, Filochard et Ribouldingue est immédiat, le vocabulaire « populacier », les expressions argotiques, le ton anti-bourgeois et limite anarchisant plaisent à toute la classe populaire adultes et enfants confondus. Il faudra attendre 1965 pour que leurs aventures paraissent en albums.
La SPE se contentant de n’éditer leurs aventures complètes qu’en petits fascicules sous couverture papier pendant la Première Guerre mondiale entre 1915 et 1917.
Revue fillette. De la même façon, les frères Offenstadt vont opposer à La Semaine de Suzette leur périodique Fillette.
Ils vont faire appel à Jo Valle, pour le texte, et à André Vallet, pour le dessin, qui vont créer L’Espiègle Lili.
Là encore le succès va être éclatant puisque Fillette est le premier périodique à paraître deux fois par semaine, le jeudi et le dimanche. Valle crée une héroïne qui vieillit avec ses lecteurs, si au début de l’histoire Lili est une gamine dissipée qu’il faut mettre en pension à la fin de l’aventure en 1923, elle se marie avec un aviateur.
Tous ces créateurs vont suivre la même mise en page héritée des images d’Épinal.
Par contre Christophe, Forton, Pinchon, Vallet et d’autres savent lier les cases entre elle pour narrer leurs histoires, mais ils choisissent tous, et leurs successeurs pour quelques années encore, de disposer leurs textes, de moins en moins descriptifs, sous les images.
C’est un parti-pris clairement assumé car les balloons américains sont bien connus en France.
Caran d'Ache les utilise occasionnellement, dès 1886 dans Le Chat noir et l’édition parisienne du New York Herald présente dès 1904 des strips les utilisant abondamment.
C’est le périodique familial Nos loisirs, publiant habituellement des nouvelles illustrées qui utilise le premier du matériel américain The Newlyweds and their baby’s (Les Jeunes Mariés et leur bébé) de Geo McManus parue en 1905 dans le New York World.

La presse illustrée

Sam et Sap - Rose Candice - 1908. La première bande dessinée française à utiliser uniquement des bulles, n’est pas, contrairement à un savoir populaire, dessinée par Alain Saint-Ogan, mais par Rose Candide (pseudonyme d'Edmond Tapissier) ; c’est Sam et Sap publiée en 1908 dans le périodique Saint-Nicolas des éditions Delagrave.
L’Angleterre connaît en 1919 dans le Daily Mirror sa première bande nationale utilisant uniquement des bulles. Il s’agit de la très célèbre bande dessinée Pip, Squeak and Wilfred de Bertram J. Lamb (texte) et Austin B. Payne (dessin).
Elle connaît un grand succès populaire et suscite un des premiers « fans clubs » The Wilfredian league of Gugnuncs'.
Excelsior Dimanche, photo-journalisme et BD. Ce qui va modifier le paysage européen de la bande dessinée n’est pas le fait d’un périodique illustré pour la jeunesse mais celui d’un quotidien de presse. L'Excelsior est à l'origine d'une double évolution pour ne pas dire révolution, la parution de Bicot (Winnie Winkle) et de Zig et Puce, après avoir fait paraître la première vraie bande dessinée française, en mars 1923, Rigobert chasse le papillon de Naurac.
L’Excelsior, déjà pionnier du photojournalisme, se révèle aussi un pionnier de la bande dessinée. Le propriétaire du quotidien est Paul Dupuy, fils du directeur du Petit Parisien éditeur de Nos loisirs.
Depuis sa reprise du titre P. Dupuy cherche toutes les formules permettant de développer les ventes. En 1923, il achète les droits de publications de Winnie Winkle de Martin Branner au Chicago Tribune and New York News Syndicate.
La bande dessinée paraît dans le supplément dominical L’Excelsior Dimanche sur une page intérieure en noir, blanc et rouge.
Elle est adaptée au public français, l’héroïne américaine Winnie est remplacée par son jeune frère Perry sous le nom de Bicot.
Le succès est rapide et en 1924 le supplément dominical est rebaptisé Dimanche Illustré.
En 1925, c’est Alain Saint-Ogan, illustrateur connu, qui est appelé par Dimanche Illustré.
Ainsi naît, en mai 1925 le premier succès de masse de la bande dessinée en Europe, Zig et Puce avec une innovation importante, dans une bande européenne, l’emploi systématique de la bulle.
Devant le succès populaire traduit par un abondant courrier des lecteurs la série est pérennisée jusqu’en 1934.
Zig et Puce croisent sur leur passage un pingouin du nom d’Alfred qui ne les quitte plus et qui à l’occasion leur ravit la vedette.
Le succès d’Alfred est tel qu’il est peut-être le premier personnage de bande dessinée à faire l’objet de produits dérivés.
Le graphisme de Saint-Ogan se raccroche au style Art déco, son trait précis est clair et lisible, inspirant beaucoup, de son aveu, Hergé.
Excelsior Dimanche, photo-journalisme et BD. Dès 1922, à l’âge de 15 ans, un jeune Belge signant sous le nom de Georges Remi publie ses premiers dessins dans Le Jamais assez, Le Blé qui lève et Le Boy-scout.
En 1927, avec les conseils de Saint-Ogan, il dessine, sous le nom d’Hergé, Totor, CP des Hannetons pour le Boy-scout belge.
Dès 1925, il entre comme collaborateur dans un quotidien politiquement très à droite, dirigé par un abbé, le Vingtième Siècle.
Il y dessine des réclames et des illustrations et à partir de 1927, quelques récits courts. Lors qu’en novembre 1928, il est nommé directeur du Petit Vingtième, un supplément hebdomadaire à destination de la jeunesse, il y dessine l’Extraordinaire Aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet.
L’abbé Wallez, directeur du xxe siècle lui confie un ouvrage Moscou sans voile et lui conseille de s’en inspirer pour dessiner une histoire.
C’est à partir du 10 janvier 1929, les Aventures de Tintin, reporter du Petit Vingtième, au pays des soviets.
Tintin et Milou entre sans nuance dans l’histoire de la bande dessinée.
Les ventes montent en flèche, Hergé dessine Quick et Flupke (1930) avant les Aventures de Tintin, reporter du Petit Vingtième, au Congo (1930), les Aventures de Tintin, reporter du Petit Vingtième, en Amérique (1931).
Selon Dominique Dupuis « Dans ces trois premiers albums, le style d’Hergé n’est pas encore formé. Les influences les plus diverses apparaissent de Geo McManus à Alain Saint-Ogan, et son graphisme se révèle incertain et fluctuant, oscillant entre aplat et trait, hachure et trame.
Seul domine le mouvement lié au rythme de l’aventure ».
Les albums de Tintin paraissent dès 1930 en noir et blanc aux éditions du Petit Vingtième puis à partir de 1934 aux éditions Casterman avec des hors-textes couleurs.
Par la suite, tous les albums noir et blanc seront redessinés et mis en couleurs par les Studios Hergé de façon à faire disparaître toutes les imperfections des premiers dessins.
Le style d’Hergé, très inspiré au départ de celui de Saint-Ogan, est qualifié dans les années 1980 de « ligne claire » :
trait précis, absence d’ombre, personnages stylisés dans un décor particulièrement soigné grâce à une documentation abondante.
Tintin continuera son aventure jusqu’à la mort de son créateur en 1983 au milieu de la réalisation de Tintin et l'Alph-Art.

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Les Funnies et Comics US


Portraits de deux concurrents. Les funnies

Aux États-Unis, on trouve l’origine de la bande dessinée de masse dans la concurrence acharnée que se livrent les titres de presse à la fin du XIXe siècle. Deux patrons de presse,
William Randolph Hearst et
Joseph Pulitzer
tentent de fidéliser leur lectorat en publiant dans l'édition dominicale des pages d’humour, les funnies (connu familièrement sous le nom de funny pages avant d'être appelées comics, comic strips et comic books, cette terminologie ayant aujourd'hui un sens différent).
Les dessinateurs, au fil des années, vont créer des personnages récurrents puis développer les dessins en deux ou trois cases disposées horizontalement :
c’est le début des strips.
Devant le succès, les patrons de presse font paraître des strips chaque jour de la semaine.
C'est en 1892 que W. Hearst fait paraître le premier strip dans son journal, le San Francisco Examiner.
James Swinnerton crée à cette occasion les premiers dessins d’animaux humanisés Little Bears and Tykes.

The Yellow Kid dans le New York Journal du 8 novembre 1896.. The Yellow journalism.

Joseph Pulitzer, publie en 1894, dans le New York World, le premier strip en couleurs dessinée par Walter McDougall. C’est à la même date et dans le même journal que Richard F. Outcault dessine Hogan’s Alley dans lequel un gamin des rues est habillé d’une chemise de nuit bleu qui deviendra en 1895, compte tenu des impératifs de fabrication, jaune. Rapidement le petit personnage devient la coqueluche des lecteurs qui le nomme Yellow Kid.
Le succès de Yellow Kid dope la vente du New York World attisant la convoitise de W. Hearst.
La concurrence féroce que se livre W. Hearst et J. Pulitzer aboutit en 1896 au débauchage de R. Outcault par W. Hearst pour travailler au New York Journal.
Une âpre bataille judiciaire autorise J. Pulitzer à continuer la parution de Hogan’s Alley qu’il confie à Georges B. Luks et W. Heart à publier la série sous un autre nom et R. Outcault choisit The Yellow Kid qui dès le 25 octobre 1896 prononcera ses premières paroles dans un balloon.
En 1902 R. Outcault retourne au New York World et dessine l’antithèse de Yellow Kid avec Buster Brown, un enfant issu de la bourgeoisie new yorkaise.
C’est dans le supplément hebdomadaire du New York Journal, en 1897, que Rudolph Dirks dessine The Katzenjammer Kids (Pim Pam Poum) sous forme d’« histoire en images » mais très vite R. Dirks utilise des balloons.
C’est la première bande dessinée à utiliser la narration linéaire. Mais R. Dirks se brouille avec W. Hearst et quitte son journal pour aller dessiner sa série dans le New York World de J. Pulitzer les Kids.
Un procès oppose alors les deux éditeurs et le jugement aboutit à la coexistence de deux séries parallèles, avec les mêmes personnages, publiées chez deux éditeurs concurrents.
Les lecteurs de ces journaux spectateurs de tous ces débauchages qui donnent lieu à des procès surnomment cette presse de Yellow journalism, expression qui désigne un journalisme fondé sur le sensationnel et les « coups », fait référence à ces épisodes.

Les comic strips

Little Nemo in Slumberland. Little Nemo de Winsor McCay.

Cette lutte acharnée entre les deux groupes de presse va engendrer un âge d'or du comic strip et la création de séries marquantes. En 1903 Gustave Verbeck dessine dans le New York Herald les strips en palindrome :
The Upside-Downs of Little Lady Lovekins and Old Man Muffaroo.
Le strip de quatre cases se lit dans le sens normal de lecture de gauche à droite puis l’histoire se continue en retournant tête-bêche le journal et en relisant les cases dans le sens inverse, lady Lovekins se transforme alors en old man Muffaroo, le chapeau de l’une devenant la barbe de l’autre.
En 1905, paraît Little Nemo in Slumberland dessinée par Winsor McCay. Cette bande dessinée est la première à n'utiliser que des phylactères pour faire parler les personnages.
The Dingbat Family - Georges Herriman. En 1910 George Herriman crée le comic strip familial The Dingbat Family, auquel il adjoint au bout de quelques semaines une bande complémentaire qui devient Krazy Kat en 1913.
C’est en 1912, que W. Hearst crée International News Service qui prend le nom de King Features Syndicate en 1914.
Cette agence a pour objectif la vente à la presse mondiale des bandes dessinées dont elle détient les droits. Suivent United Feature Syndicate, New York News Syndicate, Field Newspaper Syndicate, McNaught Syndicate, etc.
Le dessinateur n’est qu’un employé et peut être remplacé à tous moments par un autre dessinateur.
Les dessinateurs abandonnent tous leurs droits. Ainsi apparaît le principe du héros de bande dessinée passant de dessinateur en dessinateur.
Bringing up Father - Geo Mc Manus. Dans le même temps se développe un nouveau genre, Les family strips, qui narrent les aventures d'une famille.
En 1912 Cliff Sterrett crée Polly and her Pals. Suivent,
en 1913, La Famille Illico dessiné par Geo McManus,
en 1918, Gasoline Alley par Frank King,
en 1920, Bicot de Martin Branner, etc.
Enfin, dans les années 1920 les héros d'aventures apparaissent. Un des pionniers, pour ne pas dire le premier, est Roy Crane qui crée en 1924, Wash Tubbs.
Mickey-Mouse - Floyd Gottfredson. En 1930, paraît en bande dessinée le héros de dessin animé de Disney apparu en 1927, Mickey Mouse.
C'est King Features Syndicate qui a acheté les droits à Walt Disney.
Si le premier strip est scénarisé par Walt Disney et dessiné par Ub Iwerks avec un encrage de Win Smith, c’est Floyd Gottfredson qui assure l’évolution graphique de Mickey et de Dingo. Bientôt vont arriver des heros Adultes, avec des histoires complexes, des crimes, des femmes fatales... et l'émergence de ce qui sera les super-héros

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Au Japon



Japan Punch - Charles Wirgman - 1883 Première ouverture vers l'Occident

Pendant la restauration Meiji, à partir de 1868, l’ouverture obligatoire du Japon au commerce extérieur s’accompagne d’une modernisation rapide du pays sous influence occidentale.
De nombreux étrangers sont attirés au Japon pour enseigner les sciences et technologies occidentales et de riches japonais voyagent en Europe.
Les deux seuls quotidiens, existants au début des années 1860, étaient à destination de la colonie étrangère, le Nagasaki Shipping List and Advisor (bihebdomadaire de langue anglaise) et le Kampan Batavia Shinbun (Journal officiel de Batavia).
La presse japonaise naît avec le Yokohama Mainichi Shinbun en 1871 et le Tokyo Nichinichi Shinbun en 1872. C'est le Shinbun Nishikie, créée en 1874, qui introduit le premier les estampes dans la presse japonaise.
En 1876, l'École d'Art Technologique ouvre ses portes en appelant des professeurs italiens pour enseigner les méthodes européennes, même si un mouvement inverse mené par Okakura Kakuzo et l'américain Ernest Fenollosa encourageait les artistes japonais à conserver les thèmes et les techniques traditionnels tout en créant des œuvres plus en accord avec les goûts contemporains.
À l'heure actuelle, cette opposition entre les deux volontés artistiques, Yôga (peinture de style occidental) et Nihonga (peinture japonaise), sont encore d'actualité.

Magazine satirique Tôbaé, 1887 édité par Georges Ferdinand Bigot. Création d'une presse satirique

La presse japonaise se transforme aussi sur le modèle de la presse anglo-saxonne avec l’apparition des dessins d’humour sur le modèle américain et des caricatures à la mode britannique à partir de 1874 avec le E-Shinbun Nipponchi et surtout avec le Marumaru Shinbun créée par Fumio Nomura (野村 文夫, Nomura Fumio?) qui a fait une partie de ses études en Grande-Bretagne.
Imprimé entre 1877 et 1907, il publie des dessins de Kinkichirō Honda (本多 錦吉郎, Honda Kinkichirō?) et de Kiyochika Kobayashi, créateur d'estampes ukiyo-e, qui fut élève de Charles Wirgman.
Wirgman fait partie de ces trois Européens qui ont une influence certaine sur l'avenir de la bande dessinée et du manga. Ce caricaturiste anglais arrive à Yokohama en 1861 et l'année suivante il crée un journal satirique The Japan Punch dans lequel il publie nombre de ses caricatures dans lesquelles il utilise des balloons jusqu'en 1887. Il enseigne en même temps les techniques occidentales de dessin et de peinture à un grand nombre d'artistes japonais comme Takahashi Yuichi.
Autre caricaturiste, le français Georges Ferdinand Bigot arrive à Yokohama en 1882, il enseigne les techniques occidentales du dessin et de l'aquarelle à l'École militaire de la ville32. Parallèlement il publie des caricatures dans des journaux locaux et édite des recueils de gravure.
Magazine satirique Tôbaé, 1887 édité par Georges Ferdinand Bigot. En 1887 il crée lui aussi, 25 ans après C. Wirgam, une revue satirique Tôbaé dans laquelle il démontre sa maîtrise de la technique narrative en introduisant la succession des dessins dans des cases au sein d'une même page.
Il part en Chine en 1894 pour couvrir pour The Graphic de Londres le conflit sino-japonais. De retour en France en 1899, il collabore comme illustrateur pour l'imagerie d'Épinal.
C'est à cette période qu'un fils d'enseignant hollandais dans une mission de Nagasaki quitte le Japon pour suivre des cours d'art à Paris où il tente quelques bandes dessinées dans le Chat noir avant de s'exiler aux États-Unis.
C'est là que Gustave Verbeck dessine un des strips les plus originaux de l'histoire de la bande dessinée.
Création des mangas C'est le caricaturiste australien Frank Arthur Nankivell qui travaille pour le Box of Curios (ボックス・オブ・キュリオス, Bokkusu obu kyuriosu?), publié à Yokohama par E. B. Thorne, qui initie Yasuji Kitazawa, qui ne s'appelle pas encore Rakuten Kitazawa, à la caricature. En 1899, il quitte Box of Curios pour rejoindre le Jiji Shinpō (時事新報?) créée par l'intellectuel Yukichi Fukuzawa désireux de développer le mode satirique au Japon.
Tagosaku to Mokube no Tokyo Kenbutsu. C’est Kitazawa qui reprend le terme de manga pour désigner ses dessins, il se désigne lui-même comme mangaka (dessinateur de mangas). Le premier manga considéré comme tel date de 1902. Il s’agit d’une histoire dessinée par Kitazawa dans les pages illustrées du supplément du dimanche du Jiji Shinpō. Kitazawa s’inspire beaucoup de la culture européenne, son premier manga reprend le thème de l’arroseur arrosé. Le supplément du Jiji Shinpō prend rapidement le nom de Jiji Manga (時事漫画?).
En 1905, Kitazawa crée son premier magazine le Tokyo Puck (東京パック?) en s'inspirant de l'américain Puck et du Rire français.
Ce magazine en couleurs parait deux à trois fois par mois et contient des textes en japonais, chinois et anglais, des caricatures et un manga en six cases de Kitazawa. Plusieurs fois censuré pour ses caricatures féroces pour le pouvoir, il crée en 1912 deux nouveaux magazines Rakuten Puck (楽天パック?) et Katei Puck (家庭パック?).
Mais c'est en 1908 que Kitazawa innove dans la presse japonaise en publiant Furendo (フレンド?, Amis), un magazine en couleurs exclusivement réservé aux enfants. Devant le succès, il renouvelle l'expérience en 1914 en créant la revue Kodomo no tomo (子供之友?) dans laquelle il dessine L'enfance de Toyotomi Hideyoshi.
Ce succès allait marquer le marché des mangas pour longtemps.
En 1914 paraît Shōnen Kurabu (少年倶楽部?, Le Club des garçons), en 1923 Shōjo Kurabu (少女倶楽部, Le Club des filles?) et en 1926 Yōnen Kurabu (幼年倶楽部?, Le Club des jeunes enfants)38. En 1929, Kitazawa entreprend un long voyage en Europe, en Afrique et aux Amériques.
De passage à Paris en 1929, il expose en présence de Léonard Foujita et y reçoit la Légion d'honneur.
À la fin de l'ère Meiji, à l'ère Taishō (1912-1926), Ippei Okamoto (岡本 一平, Okamoto Ippei?) dessine des mangas pour le quotidien Asahi Shinbun.
Le docteur endormi. Il est l'un des inspirateurs du mouvement des « Nouveaux représentants progressistes du manga » qui introduit au Japon les comics, entre autres Bringing up Father (La famille Illico) de Geo McManus parait dans Asahi Gurafu (アサヒグラフ?).
Si à cette époque tous les mangas utilisent plus ou moins la bulle, il y a encore beaucoup de texte écrit dans les dessins. Le premier à généraliser l'emploi de la bulle est Katsuichi Kabashima (樺島 勝一, Kabashima Katsuichi?) qui dessine Les Aventures de Shōchan (正チヤンの冒険, Shōchan no bōken?) accompagné de son écureuil dans le premier numéro de Asahi Gurafu en 1923.
C'est Okamoto qui invente le terme de manga kisha (漫画記者?, journaliste de manga) et qui crée la première association de mangaka appelée Tokyo manga kai (東京漫画会?, Rencontres des mangas de Tokyo) en 1915, qui devient en 1923 le Nihon manga kai (日本漫画会?, Rencontres des mangas du Japon) et en 1942 le Nihon manga hōkōkai (日本漫画奉公会?, Rencontres au service des mangas du Japon) avec pour premier président Kitazawa.
La satire et la caricature sont féroces envers le pouvoir en place et, en 1925, le gouvernement établit une censure en promulguant une « Loi de préservation de la paix ». La presse japonaise devient « politiquement correcte » mais la publication de mangas se développe.
Des magazines féminins comme Shufu no tomo (主婦の友?, L'ami des ménagères) ou Fujin kurabu (婦人倶楽部?, Le Club des femmes) publient aussi des mangas à destination de leurs lectorats ou pour des mères de familles qui lisent ces mangas à leurs enfants.

Corée

C'est en 1883 que paraît le premier journal coréen Hanseong sunbo. Le 2 juin 1909, avec la première parution du Daehan minbo, apparaît le premier manhwa ou caricature.
En première page, sous le titre Saphwa, les Coréens peuvent découvrir l'œuvre du caricaturiste Lee Do-yeong.
Gravés sur bois, les fonctionnaires pro-japonais y sont représentés sous des traits de singes. Mais le journal est censuré par l'occupant japonais en 1910.
À la suite du soulèvement de 1919 qui suit la répression Samil, le gouverneur japonais Saitô Makoto relâche un peu son emprise. Le shinmunhak (renouveau culturel et littéraire) permet un développement de la presse et à partir de 1920 de nouveaux titres apparaissent favorisant l'essor des manhwas.
À partir de 1924, avec Meongteongguri heonmulkyeogi (Les vains efforts d'un idiot) dessiné par Noh Su-hyeong et publié dans le Chosun Ilbo, le manhwa commence à adopter les conventions de la bande dessinée occidentale (cases et bulles).

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