Diffusion internationale

Histoire Générale de la BD

de la BD des Auteurs

La BD à l'internationale

Portrait d'homme. Peinture à l'encaustique sur bois. Portrait du Fayoum, iiie siècle. H. 37,5 cm. Staatliche Antikensammlungen, Munich. Dès les années 1840, de nombreux auteurs publient des bandes dessinées. Très influencées par Töpffer, elles se présentent sous la forme d'albums d'histoires satiriques, fustigeant généralement la petite bourgeoisie, dans un style nerveux :

Histoire de M. Lajaunisse, du Français Cham en 1839,
Robinson, du Suisse Charles DuBois-Melly en 1842,
Le Déluge à Bruxelles, de l'exilé français en Belgique Richard de Querelles en 1843,
Les travaux d'hercule - Gustave Doré - 1847 Les Travaux d'Hercule du Français Gustave Doré en 1847 (suivi de Dés-agréments d'un voyage d'agrément en 1851),
La Vie publique et privée de Monsieur Réac de Nadar en 1848, pour n'en citer que quelques-unes.

Les éditions américaines de Töpffer, plus ou moins pirates, suscitent également des émules :

Journey to the Gold Diggins of Jeremiah Saddlebags des frères James A. et Donald F. Read en 1849,
The Adventures of Mr Tom Plump de Philip J. Cozans
et l'anonyme The Wonderful and Amusing Doing by Sea and Land of Oscar Shangai l'année suivante.
La bande dessinée se diffuse également très rapidement en Allemagne, autour de Munich avec l'hebdomadaire satirique le Fliegende Blätter (à partir de 1844) et les Münchener Bilderbogen (sorte d'équivalent munichois des images d'Épinal).

Cette insertion des bandes dessinées dans la presse amène deux innovations :

un nouveau format, avec l'apparition des histoires en une page ;
et la bande dessinée muette, dont le maître est Wilhelm Busch.
Les mises en pages oscillent entre le gaufrier classique (le plus pratique pour les revues) et le type illustratif qui dominait alors l'illustration populaire :

des compositions « gothiques » très chargées.
Max und Morritz - Wilhelm Bush - 1865 Busch innove en 1865 avec Max und Moritz, où les habituels portraits en pieds laissent parfois place à des gros plans, et où le dessin, plus rond, se détache des modèles du XVIIIe siècle suivis par Töpffer.
Ce récit, au sein duquel chaque case est accompagnée de quatre vers, non nécessaires à la compréhension de l'histoire, est la première « Bildergeschichte » (histoire en images) à remporter un grand succès auprès des enfants (bien qu'elle soit publiée dans le Fliegende Blätter), et le premier très gros succès de librairie du genre.
L'énorme succès de Max und Moritz de Wilhelm Busch, publié en Allemagne en 1865, montre le fort potentiel de la bande dessinée auprès du public enfantin.
Les dessins de cette œuvre majeure sont accompagnés d'un texte en vers apposé après-coup, assez redondant, qui annonce un retour vers la prédominance du texte dans les littératures dessinées européennes enfantines, majoritaires sur ce continent après la fin des années 1880.
Busch et d'autres illustrateurs allemands annoncent un style plus rond, moins marqué par l'héritage des caricaturistes du siècle précédent, très marqué chez les töpffériens.
Ceci est un des faits majeurs de la période, annonciateur du futur de la bande dessinée en Europe (surtout de l'ouest), avec une inféodation au texte qui conduit à rendre la bande dessinée moins vive et à la dévaloriser aux yeux de ceux qui aiment la littérature.
Ce modèle allemand de la publication de bandes dessinées très courtes, ou en feuilleton, au milieu de caricatures et de textes humoristiques, beaucoup plus nombreux, dans des périodiques généralement satiriques lus par les adultes, se répand dans le monde entier.
Ally Sloper - Charles Henry, Ross Mary Duval - 1867 À partir de 1867, Charles Henry Ross et Marie Duval animent en Grande-Bretagne dans Judy les aventures du prolétaire Ally Sloper, préfigurant « sous certains aspects » les Pieds Nickelés.
Une première revue consacrée au strip cartoon, Funny Folks, naît en décembre 1874.
Aux Pays-Bas, c'est Jan Linse qui lance en 1874 la bande dessinée dans l'Humoristisch Album.
Marthe, la bonne petite ménagère (2e version), Imagerie d'Épinal Pellerin no 922, XIXe siècle.
En France, une deuxième génération d'auteurs se met, sur le modèle allemand, à publier des histoires de type töpfférien dans des journaux satiriques (comme Le Chat noir à partir de 1882) destinés à des lecteurs adultes :

Ally Sloper - Charles Henry, Ross Mary Duval - 1867 Gabriel Liquier (Voyage d'un âne dans la planète Mars, 1867),
Léonce Petit (en 1869),
Henri Émy, Albert Humbert, etc. Des dessinateurs célèbres tels que Caran d'Ache et Benjamin Rabier travaillent pour l’Imagerie d’Épinal.
Ces planches, souvent reliées sous forme de livres ou d'albums cartonnés, sont commercialisées par des colporteurs qui assurent leur succès, entre 1870 et 1914 plus de 500 millions de planches sont vendues.
Jean-Charles Pellerin est sans nul doute le créateur des « histoires en images » et un précurseur des maisons d'édition de bande dessinée.
Aux États-Unis, après Töpffer, Busch est traduit à partir de 1862. Le Harper's New Monthly publie à partir du milieu des années 1860 des auteurs locaux comme John McLenan (et ses aventures de M. Slim, « gags » en une page très töpffériens) et Frank Bellew.
La parution de Max und Moritz, en 1870, marque le public, comme le montrent vingt-sept ans plus tard les Katzenjammer Kids qui en sont inspirés.
Puck, hebdomadaire satirique fondé en 1873 publie quelques histoires de Busch.
Harper's monthly 356 p160 - 1880-01 À partir de 1879, le Harper's New Monthly publie les premiers récits d'Arthur Burdett Frost.
Ceux-ci « introduisent d'entrée de jeu une nouvelle façon de raconter en images, qui insiste sur la répétition exacte des cadrages de chaque image et s'intéresse à l'intervalle de temps entre les vignettes, (…) aux transformations dynamiques qui s'opèrent entre deux images au cadre identique ». Frost, en insistant sur le mouvement entre les images, annonce la bande dessinée Little_Sammy_Sneeze - Winsor Mc Cay- 1905 kinétoscopique pratiquée par Frederick Burr Opper ou McCay (Petit Sammy éternue) mais également toute la bande dessinée moderne, où l'art de l'ellipse occupe une part importante.
Après quelques premiers essais, comme des adaptations d'histoires francophones dans les années 1850, la bande dessinée apparaît au Portugal en 1872 avec Apontamentos sobre a Picaresca Viagem do Imperador de Rasilb pela Europa de Rafael Bordalo Pinheiro.
En Espagne, après quelques rares pages en 1859 ou 1866, la bande dessinée s'impose à partir de 1873 avec les premières histoires publiées dans l'hebdomadaire madrilène El Mundo cómico, où s'affirme José Luis Pellicer, puis plus tard dans les périodiques humoristiques Granizada ou La Caricatura, avec Mecachis (El Día de la boda, 1885) ou Apeles Mestres.
La diffusion de la bande dessinée dans le nouveau monde ne se limite pas aux États-Unis, et là aussi, des périodiques satiriques publient de temps à autre, des histoires en images, comme en 1859 The Great Moral History of Port Curtis, in twelve Chapter dans le Melbourne Punch Almanack, histoire qui reste cependant encore très dépendante du texte. Dans les années 1880, le Melbourne Punch et Table Talks publient plus régulièrement des bandes dessinées, tout comme les argentins El Mosquito (fondé en 1863) ou Don Quijote (fondé en 1863). Au Brésil, c'est Angelo Agostini qui publie les premières bandes dessinées locales, As Aventures de Nhô Quim ou Impressoes de uma Viagem à Corte (1869), As Aventuras de Zé Caipora (1883), etc. Dans ces pays, l'influence européenne reste forte, la production de bande dessinée sporadique, et la lecture réservée aux adultes.
En Asie, l'introduction de la culture occidentale dans le dernier tiers du XIXe siècle, et l'arrivée quasi simultanée du modèle des revues satiriques ou laissant place à des dessins satiriques (comme Hanseongsunbo en Corée, 1883) ne s'accompagne pas de la publication de bandes dessinées, qu'elles soient importées ou locales.

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L'imprimerie


Imprimante linotype. L'imprimerie de Gutenberg avait induit une fragmentation durable du texte et de l'image, que certains artistes, tels William Blake avaient refusé, avant même la naissance de la bande dessinée. La presse à plat, utilisée à l’origine par Johannes Gutenberg, ne permettait d’imprimer qu’une centaine de cahiers de huit pages par heure. Et Töppfer, le premier auteur de bande dessinée, a utilisé la technique de l'autographie pour se libérer de cette fragmentation : cette technique permet de tracer les traits et les mots tels qu'ils seront lus. L’invention, dès la fin de la guerre de Sécession en 1865, par l’américain William A. Bullock de la presse rotative, utilisée par le Philadelphian Inquirer autorise à imprimer jusqu’à 8000 journaux à l’heure. Ainsi c'est surtout le passage du livre au périodique qui a permis l'essor de la bande dessinée, grâce à la généralisation des procédés photographiques, et au bouillon de culture des journaux populaires américains avec le comic strip. Ce développement est conforté par l’invention de la linotype. Avant l’invention de la linotypie par l’Américain d’origine allemande Ottmar Mergenthaler en 1886, l’impression des journaux pouvait difficilement dépasser huit pages du fait de la lenteur de la composition caractère par caractère (1000 à 1500 signes par heure). La linotype, grâce à la composition au clavier et à la fonte automatique ligne par ligne (8000 à 15000 signes par heure), libère la composition des textes de presse en alignant sa productivité sur les nouvelles presses rotatives. New York World de Joseph Pulitzer datant de Noël 1899. Imprimante chromotypogravure. L’utilisation des presses rotatives interdit l’utilisation de la xylographie pour reproduire un dessin au trait. C’est la généralisation de la phototypogravure inventée en 1850 sous le nom de « pané iconographie » par un lithographe français Firmin Gillot qui permet de reproduire sur les presses rotatives les dessins au trait et même assez rapidement des demi-teintes couleurs dès 1876, grâce à la similigravure mise au point par son fils Charles Gillot qui autorise aussi la reproduction photographique. Ces progrès techniques font rentrer la presse américaine dans l’ère industrielle. Un essor économique important, soutenu par une forte immigration, transforme la presse en véritable industrie aux mains de quelques magnats et principalement de William Randolph Hearst et de Joseph Pulitzer.

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